Ardèche – Quand ce sont les fils qui tiennent les poteaux !

Sur la commune de Saint Barthélémy le Meil, à Aoulas ce sont les fils qui tiennent les poteaux.

Bien évidemment les câbles risquent d’être accrochés par un engin agricole à la traversée de la route.

reportage de Mélanie Mathevon du collectif Orange j’enrage

Déconnecté·e·s, les oubliés du numérique – Documentaire sur Public Sénat

Déconnecté.e.s, les oubliés du numérique

Documentaire de 52 min, émission diffusée le 13 mars 2021, réalisation : Fanny Fontan et Romain Fiorucci, Production : 13 PRODUCTIONS

L’informatisation de notre société est l’avancée majeure du XXIème siècle, le numérique facilite les échanges, les démarches en tout genre, et entrouvre des portes immenses sur la connaissance et le monde qui nous entoure. Mais cette révolution ne profite pas à tous. Il s’agit alors d’une fracture bien réelle et aussi lourde en conséquence que celle séparant les lettrés des illettrés. Cela a désormais un nom : l’illectronisme.

Dans le Lot-et-Garonne, au beau milieu d’une zone blanche se cristallise alors ce paradoxe technologique.

Visionner le film 

Une ouverture sur le monde.

Débat suite au documentaire sur public sénat, 36 mn

Les invités :
Patrick Chaize, Sénateur (LR) de l’Ain
Marie Cohen-Skalli, Codirectrice d’Emmaus Connect
Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique

Visionner le débat

Le point de vue d’Orange j’enrage

Vu d’Ardèche, la situation du Lot et Garonne parait presque idyllique ! En effet on ne voit pas dans ce reportage les ruines du réseau auquel nous sommes en permanence confrontés en Ardèche, aucun poteau brisé, et pas de lignes téléphoniques trainant dans les caniveaux.

Il n’y est pas non plus question des méthodes commerciales et de la mauvaise foi permanente d’Orange.

Une situation que doivent envier de nombreux ardéchois !

Nous voyons un maire exemplaire à l’engagement républicain, impliqué aux côtés de ses administrés.

On y voit également un agent du département qui dispose du temps necessaire à la recherche de solutions individuelles pour les usagers désemparés. 

On apprend que le réseau mobile ne peut pas fonctionner sans le réseau filaire, alors on se demande pourquoi l’un est généralement proposé comme alternative à l’autre.

Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, s’engage à assurer le service universel de la fibre au même titre que l’eau et l’éléctricité en 2025, alors là on se demande bien pourquoi en 2021 celui-ci n’est toujours pas garanti pour le réseau cuivre tel que défini dans la loi. On a beaucoup de mal à le croire alors que le gouvernement et l’Arcep ne se pressent pas pour contraindre Orange à assurer ses obligations contractuelles sur le réseau cuivre actuel.

On est bien entendu choqué, connaissant les situations difficiles que certains subissent, d’entendre le député Chaize parler d’ « attente positive » !

Quand aux arguments de Cédric O pour promouvoir la futuriste 5G, ils rappellent étrangement le TINA (There is no alternative) d’une certaine Madame Thatcher.

Cependant les usagers attendent depuis trop longtemps des solutions concrètes et fiables pour aujourd’hui et maintenant.

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Le dispositif « Cohésion Numérique des Territoires » labellisé par l’État pour les foyers des zones rurales ne permet pas d’apporter une réponse satisfaisante actuellement.

illustration : ANCT Agence nationale de la cohésion des Territoires

Bonjour à tous,

En Bretagne, dans le Finistère Sud, la problématique est similaire : des poteaux cassés pourtant signalés qui restent en l’état durant des mois, je ne compte plus les poteaux très penchés qui pourraient tomber ou tirer sur les lignes en cas d’épisode climatique intense ni les lignes qui se décrochent à certains endroits, des réouvertures et créations de lignes qui s’éternisent, des coffrets ouverts aux intempéries pendant des mois, des lignes surannées remplacées par des neuves moins performantes, et surtout des débits ADSL qui s’effondrent de mois en mois et aboutissent généralement à une rupture de la connexion à un moment donné. Baisse des débits ADSL et perte de connexion ADSL sont étroitement liés, la baisse de la qualité de la boucle locale en cuivre entraînant dans un premier temps une baisse des débits, puis à un moment une rupture de la connexion ADS. C’est cela le numérique : plus robuste que l’analogique mais avec un point de décrochage brutal que n’a pas l’analogique.

Il est grand temps d’encadrer davantage les opérateurs de communications électroniques pour exiger une révision du débit minimum garanti sur la boucle locale cuivre (ADSL) et une révision du dispositif de « Cohésion Numérique des Territoires ». Probablement la privatisation de France Télécom y est pour beaucoup avec un soucis de rentabilité pour les actionnaires au détriment des investissement dans le réseau, notamment la boucle locale cuivre ces 20 dernières années.

Comme indiqué dans le rapport, le cuivre doit rester opérationnel jusqu’en 2030 afin de sécuriser la période de transition vers la fibre optique pour tous. Pourtant les interlocuteurs ORANGE pour les collectivités locales annoncent le contraire, nient le manque d’entretien de la boucle locale, et orientent nettement vers les solutions alternatives 4G fixe et satellite, alors que ces solutions sont très loin d’offrir les mêmes conditions d’utilisation et sont conçues pour des citoyens très éloignés des centraux téléphoniques (NRA), c’est à dire à plus de 10 km d’un central téléphonique. Qu’on se le dise, les technologies xDSL sont conçues pour fonctionner parfaitement jusqu’à 6 km du NRA, et peuvent délivrer de l’ADSL à 6 Mbit/s si la boucle locale cuivre est optimisée et entretenue, ce qui est suffisant pour attendre le déploiement de la fibre.

J’attire votre attention sur la nécessité de réactualiser de toute urgence le débit minimum garanti sur le cuivre, cela en vue de construire efficacement la prochaine convention de désignation pour le service universel des communications électroniques. Ce débit minimum contractuel pourrait donc passer à 5 Mbit/s, voire 8 Mbit/s, en tenant compte des limitations des technologies xDSL.

Le Sénat avait adopté le mardi 14 février 2012 le projet de loi sur l’aménagement numérique du territoire, fixant le débit minimal des FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) à 2 Mbit/s d’ici à 2013 et à 8 Mbit/s d’ici à 2015. Le plan France Numérique 2012-2020 proposait lui d’imposer aux FAI un débit minimal de 5 Mbit/s dans l’hexagone.

En encadrant rigoureusement un débit minimum garanti sur le cuivre, l’opérateur désigné par la nouvelle convention sera de facto obligé de réaliser les opérations curatrices et les différents travaux d’optimisations nécessaires depuis ces 20 dernières années afin de restaurer un débit minimum digne d’un haut débit pour lequel les technologies xDSL ont été mises au point et largement éprouvées.

Le débit minimum garanti dans les contrats IP (ADSL) chez ORANGE est actuellement de 512 Kbit/s, constituant un débit suranné datant des années 2000 et ne correspond plus du tout aux usages actuels d’Internet, même pour une simple navigation. Cette clause contractuelle est trop souvent dévoyée par l’opérateur pour éviter de réaliser des travaux pourtant nécessaires sur la boucle locale, laissant cette dernière se dégrader sans en être inquiété, lui permettant également de se dédouaner contractuellement auprès de ses clients mécontents qui exigent légitimement la restauration de la qualité de service en adéquation avec les montants des abonnements payés chaque mois depuis des années.

Il est manifeste que le manque d’entretien de la boucle locale est la principale cause de cette baisse substantielle des débits observés au nord de ma commune par exemple, certains administrés témoignant d’une instabilité grandissante de leur connexion et d’une baisse considérable de leur débit passé de 6 Mbit/s à 2 Mbit/s depuis 2018. Par ailleurs, l’opérateur ORANGE n’a pas souhaité réaliser une montée en débit dans les années 2015 au nord du territoire sur ma commune par exemple, alors que cette solution technologique, pourtant appliquée sur certaines communes voisines, aurait permis de compenser le vieillissement de la boucle locale et de continuer à garantir un haut débit digne de ce nom à tous nos administrés, en attendant le très haut débit de la fibre optique.

Le dispositif « Cohésion Numérique des Territoires », avec l’offre ou l’option « 4G Home » d’ORANGE, dispositif labellisé par l’Etat pour les foyers des zones rurales qui ne disposent pas d’un bon haut débit filaire (> à 8 Mbit/s) d’ici 2020, ne permet pas d’apporter une réponse satisfaisante actuellement. En effet, même si le dispositif prévoit une aide financière plafonnée à 150 € par foyer éligible, l’enveloppe mensuelle de 200 Go de données est rapidement consommée et ne permet pas de couvrir le mois. Au-delà des 200 Go, la connexion « 4G fixe » devient totalement inutilisable avec un débit bridé à 128 Kbit/s, débit inutilisable même pour une simple navigation. Les usages d’Internet se sont considérablement diversifiés depuis 2018, notamment avec la généralisation des services de type VOD (vidéos à la demande), et plus récemment les visioconférences et le télétravail dans le contexte de la crise sanitaire. L’alternative par le satellite comporte une restriction similaire avec une enveloppe mensuelle de données encore plus étroite (100 Go). Ces deux alternatives comportent un défaut majeur : le volume mensuel de données est bien trop faible pour couvrir les besoins réels de la plupart des foyers sur notre commune.

Dans ce contexte, il est difficilement compréhensible pour un citoyen de devoir migrer d’un abonnement ADSL sur cuivre illimité en données pour aller vers un abonnement sans fil (4G fixe ou satellite) rapidement limité et inutilisable avant la fin du mois.

Pour que le dispositif de Cohésion Numérique des Territoires fonctionne bien, le volume mensuel de données doit être revu à la hausse pour couvrir réellement les besoins mensuels des citoyens, voire être passé en illimité par soucis d’équité avec les abonnements filaires. Il est donc essentiel de veiller à garantir un débit minimum sur le cuivre digne d’un haut débit, afin de permettre aux citoyens gros consommateurs de données de pouvoir rester sur une offre filaire cuivre pour Internet et la téléphonie fixe, en attendant l’accessibilité pour tous de la fibre optique.

Offrons à nos citoyens une République Numérique équitable, notamment dans les zones rurales qui se sentent délaissées actuellement.

Tous solidaires pour orienter la prochaine convention de désignation.

Cordialement.

Stéphane PESNEL

Il faut ajouter qu’en zone rurale la 4G n’est pas du tout généralisée, il n’y a qu’à regarder la carte de couverture mobile pour s’en rendre compte.
Orange argue de bons pourcentages de couverture, de notre point de vue le service universel c’est 100 % des citoyens desservis un point c’est tout.
D’autre part que ce soit la 4G ou le satellite, il y a de gros problèmes de réception par mauvais temps. De plus les ondes passant difficilement à travers des murs épais des maisons anciennes, les usagers sont souvent contraints de sortir dehors pour avoir une bonne réception. Tous ces éléments sont incompatibles avec l’objectif d’assurer une liaison fiable et la sécurité des personnes.
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Ardèche, entre Beauvène et Gluiras les lignes sont rangées… dans le fossé !

Quand les ligne ne risquent pas de tomber plus bas ! que dans le fossé l

Encore un exploit technologique de notre champion national : Orange.

Reportage de Mélanie Mathevon du collectif Orange j’enrage

Entre Beauvène et Gluiras lieux dit Margier.

Ça bouge du côté de la téléphonie – Communiqué de presse de Hervé Saulignac

Ça bouge du côté de la téléphonie

Fin janvier, 269 élus ardéchois de tous bords politiques et de toute part du département de l’Ardèche ont cosigné une Tribune adressée au Gouvernement pour dénoncer le délabrement du réseau cuivre de téléphonie fixe et ses conséquences pour les Ardéchois(e)s.

 Le Secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, vient de me faire savoir par courrier qu’il s’est saisi de ce sujet qui constitue l’une des principales priorités de son action. Il annoncera dans le courant du mois de mars « des pistes d’action concrètes et pragmatiques aux problèmes rencontrés » sur la base du travail de la Mission flash présidée par ma collègue Célia Delavergne à laquelle j’avais participée et qui a rendu ses conclusions le 10 février dernier.

 La mobilisation de plus de 70% des élus ardéchois et des associations de défense des consommateurs à l’instar d’Orange J’enrage (qui a été auditionné par la Mission flash), a été fort utile et je serai particulièrement vigilant aux prochaines annonces gouvernementales ainsi qu’à leurs mises en application concrètes en Ardèche pour mettre fin aux dysfonctionnements que rencontrent un trop nombre d’habitants en matière de téléphonie fixe et d’Internet.

 J’accueillerai, par ailleurs, à ce sujet avec mes collègues députés Michèle Victory et Fabrice Brun, la Présidente de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (ARCEP), Laure de La Raudière, le vendredi 26 mars en Ardèche.

Hervé Saulignac, député de l’Ardèche, le 09 mars 2021

Retour sur le terrain, 1 an après !

Réparations des lignes orange en quelques jours voir en quelques heures…. d’après Philippe Daumas délégué régional d’Orange.

J’ai quand même voulu vérifier !! Bizarrement je ne fais pas le même constat !!!! 1 an après les signalements, les lignes sont toujours dans le même état, même celles qui sont à portée de main au bord de la route !!!!!!

Reportage de Mélanie Mathevon du collectif Orange j’enrage sur les communes de Saint Barthélemy le Meil, Beauvène et Gluiras en Ardèche.

 

Philippe Daumas, délégué régional d’Orange, et professeur émérite de langue de bois !

Entendu dans la revue de presse de RDB, Radio des Boutières, le samedi 20 février 2021.

Cette  revue de presse fait suite à la parution dans l’Hebdo de l’Ardèche , d’une interview de Philippe Daumas, délégué régional Rhône Durance d’Orange par Nicolas Lemonnier à propos des difficultés rencontrées en Ardèche par l’opérateur de téléphonie.

Revue de presse animée par Nicolas GAUDIN Responsable d’Antenne RDB, et Aurélien PATRICE-MARTIN Animateur-Programmateur-Technicien RDB.

Les allégations d’Orange dans l’Hebdo de l’Ardèche : décryptage !

   11 02 2021 –

Téléphonie – « Dans 95 % des cas, le rétablissement est rapide » !!!

Dans l’Hebdo de l’Ardèche Philippe Daumas, délégué régional Rhône Durance d’Orange, interviewé par Nicolas Lemonnier, revient sur les difficultés rencontrées en Ardèche par l’opérateur de téléphonie. Des dysfonctionnements minoritaires selon lui.

Le 18 janvier, 269 élus ardéchois ont écrit à Orange pour lui demander une amélioration du réseau téléphonique filaire. Leur avez-vous répondu ?

Nous n’avons pas répondu directement mais il faut savoir que nous sommes en permanence en relation avec les élus via une organisation spécifique. On comprend parfaitement que les administrés mettent la pression sur les élus mais tous les maires ont une fiche contact avec des interlocuteurs. Il y a aussi une application, Signal réseau, mise en place depuis plusieurs années pour que les élus puissent signaler des dysfonctionnements. À mon sens, cette tribune visait surtout à peser sur le débat national puisque la convention pour le service universel est en cours de renouvellement.

Quel est l’état du réseau en Ardèche selon vous ?

Tous les mois, nous réalisons 10 000 interventions sur le réseau en Drôme-Ardèche. Un réseau de télécommunication, c’est hyper complexe : il y a 370 000 poteaux, plus de 400 interconnexions. Et la moitié est en aérien et subit les aléas, notamment climatiques. Un poteau à terre, il n’est pas tombé tout seul. Mais dans 95 % des cas, le rétablissement se fait en quelques heures.

Quel est le délai moyen en Ardèche ? Pour la Drôme, la députée Célia de Lavergne parle de 48 jours contre 48 heures au niveau national.

Nous n’avons pas de chiffres locaux. Le suivi se fait par l’Arcep (l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse). Je ne sais pas d’où sortent les chiffres de Madame De Lavergne mais il faut savoir qu’il y a des situations plus complexes qui nécessitent parfois plusieurs jours ou plusieurs semaines de réparation. Les techniciens doivent souvent intervenir avec des nacelles mais ce n’est pas toujours accessible. Et si on ne peut pas accéder, il faut reconstruire l’artère : c’est long, il y a des contretemps administratifs… Notre objectif, c’est le meilleur service possible. Et, je le redis, dans 95 % des cas, le rétablissement est rapide.

Certaines pannes sont très problématiques notamment pour les téléalarmes de personnes isolées…

Sur des pannes signalées comme urgentes, notamment pour ces questions de téléalarmes, on intervient en 24 h. Mais il faut que ce soit bien signalé ! Orange avait été mis en demeure d’entretenir son réseau par l’Arcep sous peine d’une amende d’un milliard d’euros et cette mise en demeure a été levée, c’est bien que nous faisons le travail !

Ardèche Drôme numérique (ADN) évoque 25 % de poteaux téléphoniques inutilisables car en mauvais état. Comment expliquez-vous ce chiffre ?

Ça ne veut pas dire que ces poteaux ne fonctionnent pas. ADN utilise le réseau cuivre existant pour installer de la fibre optique. Mais lorsque vous déployez de la fibre, vous ajoutez de la charge sur les poteaux et cela nécessite donc des études supplémentaires. Ces poteaux pourraient supporter cette charge mais comme il n’y a plus la marge suffisante, il faut les changer. Ce pourcentage est sans doute le même ailleurs.

Lors des différentes tempêtes, Enedis est beaucoup plus rapide qu’Orange pour réassurer un service à ses abonnés. Pourquoi ?

Le réseau d’Enedis est beaucoup plus haut, l’impact des chutes de neige est moindre. Pour nous, les deux tiers des poteaux se sont retrouvés au sol, principalement par un manque d’élagage des propriétaires.

Pourtant, la loi précise bien qu’en cas de défaut des propriétaires ou de chantiers trop coûteux, c’est à l’opérateur d’organiser les modalités d’élagage.

Toute la responsabilité n’incombe pas à Orange. Je parle des petits travaux d’ébranchages qui ne sont pas réalisés. On réfléchit d’ailleurs avec l’association des maires de l’Ardèche mais aussi le Département et la préfecture à lancer une campagne de communication pour faire en sorte que les propriétaires de terrain où passent les lignes agissent.

Il est souvent constaté des réparations de fortune. Comment les expliquer ?

L’importance, c’est le délai de rétablissement. Donc, on fait au plus vite et ensuite d’autres équipes assurent une réparation plus pérenne. Mais c’est vrai que cela donne l’impression d’un réseau laissé à l’abandon mais c’est faux car il fonctionne. On a lancé depuis deux ans des opérations de renforcement du réseau dans neuf communautés de communes de Drôme-Ardèche. C’est dans ce cadre que les réparations de long terme sont souvent effectuées.

En juin dernier,des propriétaires de gîtes touristiques ont dû avoir recours à la justice pour obtenir un dédommagement.Craignez-vous une multiplication des procédures de ce type ?

Il y a des contentieux pour plein de raisons… Notre objectif, c’est d’éviter d’arriver à ce genre de situation. Lorsque le problème s’enlise, c’est souvent qu’on est face à des difficultés techniques pointues. Par exemple, des câbles enterrés il y a 60-70 ans sans gaine et il faut alors refaire le réseau entier. Mais on fait tout pour trouver des solutions avec les élus en amont.

Le député Fabrice Brun a sollicité directement l’Arcep et demandé une audience sur la question au Premier ministre. Qu’en pensez-vous ?

C’est légitime qu’un député s’empare de cette question mais c’est surtout pour peser sur les négociations qui concernent le service universel.

Quel est l’intérêt d’Orange à investir dans le réseau téléphonique commuté (RTC) alors que celui-ci devrait disparaître dans quelques années ?

Le RTC (réseau cuivre) n’est pas amené à disparaître de sitôt. Si, à terme, il doit être remplacé par la fibre optique, ce n’est pas avant une dizaine d’années. ADN a annoncé la fibre pour 2025 en Drôme-Ardèche mais les clients auront le choix et il y aura donc toujours des clients en RTC. C’est pour cela que depuis 2016, plus de 350 communes de Drôme-Ardèche, dont un bon deux tiers en Ardèche, ont bénéficié d’une montée en débit. Notre préoccupation, c’est la qualité de service au quotidien. Et lorsqu’il y a des difficultés, on cherche avec les élus des moyens d’améliorer la situation. On a divisé par deux les délais sur les interventions complexes. Les 5 % restants ne sont pas acceptables et on veut encore diminuer ce pourcentage.

Décryptage :

les réactions d’Orange j’enrage !

Nous apprenons que Orange n’a pas répondu « directement  » à près de 500 élus de la Drôme et de l’Ardèche qui ont signé des tribunes dénonçant les manquements de l’opérateur. Nous nous interrogeons donc ce que veut dire être « en permanence en relation avec les élus ».

Nous apprenons que « dans 95 % des cas, le rétablissement se fait en quelques heures ». Nous en déduisons que là où nous vivons, dans les villages et les hameaux, nous faisons malheureusement partie des 5% où les réparations se comptent en semaines voire en mois. Mais impossible de savoir combien d’usagers sont victimes de panne et quel est le délai moyen de réparation puisque l’opérateur historique déclare ne pas avoir de chiffres locaux.

Nous apprenons que ces chiffres locaux sont fournis par l’Arcep. Mais d’où viennent les chiffres de l’Arcep ?  … d’Orange ! la réponse figure sur le site de l’Arcep : L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes met en ligne les chroniques des indicateurs d’activité des opérateurs de communications électroniques. Ces informations agrégées (ensemble du marché) sont issues des enquêtes menées auprès des opérateurs déclarés au titre de l’article L.33-1 du code des postes et des communications électroniques.

Il n’est pas étonnant que l’Arcep ait levé sa sanction envers Orange puisque c’est au regard des chiffres fournis par Orange même que l’organisme de contrôle juge de l’état du réseau : l’Arcep et Orange se tiennent par la barbichette !

Nous apprenons que le mauvais état du réseau incombe principalement aux propriétaires qui n’élaguent pas les arbres. Or c’est à Orange que revient la responsabilité d’engager les démarches auprès des propriétaires (article 85 de la loi du 7 octobre 2016 ).

Enfin nous en apprenons une bien bonne : la neige serait plus lourde quand elle tombe sur les lignes téléphoniques que sur les lignes électriques !

Orange « cherche avec les élus des moyens d’améliorer la situation » : est-ce aux élus de monter aux poteaux sur lesquels les techniciens d’Orange refusent de monter ?

Mais c’est avec soulagement que nous apprenons que Orange compte conserver le réseau cuivre et améliorer sa qualité, nous prenons acte des déclarations de Monsieur Daumas et nous serons très attentifs à leur réalisation.

Orange : friture sur la ligne

Coupures de téléphone à répétition, connexion internet et réseau mobile médiocre… Élus et habitants de la vallée n’en peuvent plus.

Exaspérés, mais taquins. Vendredi 5 février, les élus d’Eygluy-Escoulin publiaient dans Le Crestois une tribune cinglante, appelant ironiquement au don pour qu’Orange puisse financer des travaux sur les réseaux de télécommunications de cette commune de 75 âmes, isolée dans la vallée de la Gervanne. « Nous avons atteint la limite du supportable et du tolérable », s’exaspère le maire, Roland Filz, les yeux rivés sur son portable qui cherche du réseau mobile. Depuis le 30 janvier, sa ligne de téléphone fixe est coupée ! Et encore, pour certains habitants, les coupures ont duré jusqu’à plusieurs mois.

Le service téléphonique a toujours été perturbé, mais la situation ne fait qu’empirer et la crise sanitaire a exacerbé un fort sentiment d’abandon. « La République ne s’arrête pas à Beaufort-sur-Gervanne », fulmine-til. Faute d’un réseau internet assez puissant, impossible pour les jeunes de préparer leur bac blanc sereinement, de joindre ses proches correctement par visio et encore moins de télétravailler.

Malgré des appels répétés à Orange, l’opérateur historique propriétaire du réseau, suivis d’interventions de techniciens, rien n’y fait. « Nous sommes raccordés au réseau de téléphonie et internet par une ligne en cuivre vieille de plus de 40 ans. Elle est en mauvais état : dès qu’il pleut, internet ne fonctionne plus ! », explique Alain Delforge, conseiller municipal qui suit particulièrement la question.

UN JOUR SANS FIN

Le noeud de raccordement le plus proche se situe à Beaufort-sur-Gervanne, à une dizaine de kilomètres de là. « On a tout fait, élagué les arbres, etc. Mais rien ne s’arrange, désespère Alain Delforge. Il faut nous changer le câble ! » Autre sujet d’inquiétude : et si jamais quelqu’un avait un pépin de santé et ne pouvait joindre personne ?

Du côté d’Orange, on tente de déminer et surtout… de prendre son mal en patience jusqu’à l’arrivée de la fibre, sans cesse repoussée, et désormais annoncée pour 2025. Le directeur interregional d’Orange, Philippe Daumas, est « conscient des difficultés. Mais il y en a eu de tout temps car c’est un réseau complexe, d’extérieur et soumis à de multiples aléas. Pour donner des ordres de grandeur, entre la Drôme et l’Ardèche, Orange, c’est 370 00 poteaux, 390 000 lignes, 400 noeuds de raccordement, 480 salariés et plus de 1 500 prestataires ! C’est aussi 10 000 interventions par an réalisées pour 95% dans les délais. On n’en parle jamais, même si bien sûr, ces 5% sont déjà de trop. »

Des arguments que peinent à entendre abonnés et élus, qui ne justifient pas selon eux des délais de réparation de parfois plusieurs mois. En ce qui concerne Eygluy-Escoulin, « nous changerons le câble s’il le faut mais nous sommes en train de l’expertiser. Je pense que, de toute façon, la technologie cuivre est limitée et le noeud de raccordement le plus proche est trop éloigné des habitations. Y construire un autre noeud prendrait malheureusement plus de temps que d’amener la fibre, seule solution au problème », tranche Philippe Daumas. « On ne peut pas attendre aussi longtemps, c’est impossible ! », se lamente le maire Roland Filz.

Orange veut aussi mettre en avant les alternatives comme le satellite ou la 4G en attendant le déploiement de la fibre. « Un voisin a demandé à avoir une box 4G, on lui a rétorqué que, comme la mairie ne se trouvait pas dans une zone blanche, le reste du village non plus. Mais la commune s’étend sur des milliers d’hectares !, enrage Alain Delforge qui se demande si Orange n’intervient pas sérieusement faute de rentabilité. On tourne en rond, face à un mur. »

DES LIGNES PEU ENTRETENUES

Philippe Daumas assure aussi qu’Orange a mis en place une organisation de proximité avec les municipalités pour leur signaler des dysfonctionnements. Visiblement pas encore au point.

« Nous avons énormément de soucis, se plaint également Daniel Chauvin, le maire de Gumiane, dans la vallée de la Roanne. Il n’y a plus aucun entretien, nous subissons des coupures de téléphone très fréquentes. Et quand ils viennent réparer une ligne, ils en mettent une autre en panne ! » Des lignes éventrées qui se baladent le long des routes, rafistolées par les habitants avec les moyens du bord… Les témoignages sont multiples.

Mais la médiatisation semble être efficace : quelques jours avant Noël dernier, un habitant de Piégros-la-Clastre publie sur la page Facebook « Orange j’enrage« , une association ardéchoise, une vidéo d’une ligne à même le sol. Quelques jours plus tard, tout sera réparé… « C’est à celui qui crie le plus fort », s’attriste Alain Delforge.

Le maire de Piégros-la-Clastre, Gilles Magnon, confirme qu’il signale chaque problème à Orange mais « les délais sont trop longs, certains habitants sont restés parfois un mois ou deux sans téléphone. Il n’y a pas de suivi de ligne, pas d’entretien alors que c’est une obligation. En tant qu’élu, on a l’impression de ne pas être considéré. »

Éric Leclere est, lui, président de la société Apoolpi, pisciniste à Piégros-la-Clastre : « Il y a huit mois, une voiture s’est encastrée dans un poteau. Depuis, il y a des coupures en permanence et depuis le jeudi 4 février, c’est le black-out total. Nous disposons pourtant d’un contrat d’intervention en 24 heures avec Orange ! Tout cela met clairement en péril l’entreprise ».

Même chose à Eygluy-Escoulin pour Rodolphe Balz, ancien patron de Sanoflore désormais à la tête d’un laboratoire de recherche axé sur les huiles essentielles : « On doit jongler entre le portable et le téléphone fixe et, s’agissant d’internet, impossible d’envoyer des fichiers volumineux. Il faut que je descende dans la vallée pour le faire ! »

« FAIRE BOUGER ORANGE »

Dans la vallée de la Sye, des habitants de Gigors-et-Lozeron et de Cobonne sont à l’origine de deux pétitions adressées aux élus « pour un accès à Internet ». « Pour envoyer un mail, il faut le faire depuis son téléphone et trouver le mètre carré à côté d’une fenêtre où cela fonctionne…, témoigne Nicolas Adam, l’un des signataires. On paie le même prix qu’en ville pour la fibre avec un service quasi nul, c’est scandaleux. Orange nous raconte tous les ans que d’ici un an la fibre va arriver, c’est comme ça qu’ils nous font taire ! »

La députée En marche ! de la circonscription, Célia de Lavergne, a fait de ces désagréments son cheval de bataille. Chargée d’une mission parlementaire « flash » sur le service universel qui lie l’État et Orange pour assurer la téléphonie fixe à la population. Elle a rendu ses conclusions mercredi 10 février (voir encadré en bas de page). « C’est mon combat !, jure la parlementaire, à l’origine d’une tribune signée par 215 élus locaux en décembre dernier. Il nous faut faire bouger les lignes pour assurer un meilleur service et la seule personne à faire bouger, c’est Orange. C’est pour cela qu’il nous faut rester unis, élus, habitants et associations. »

Célia de Lavergne préconise notamment dans son rapport de sérieuses pénalités pour la multinationale en cas d’interventions effectuées au-delà des délais légaux. L’Orange et le bâton.

Clément Chassot

Célia de Lavergne veut « un service digne de ce nom »

Missionnée en express par le gouvernement, la députée Célia de Lavergne (LREM) a remis le 10 février au secrétaire d’État chargé de transition numérique son rapport intitulé « Pour un service universel qui porte son nom, effectif sur tous les territoires ».

Le service universel, assuré par Orange pour l’État, prévoit un service de téléphonie fixe pour toute la population. Une convention actuellement en renégociation. Ce rapport devrait être suivi d’annonces début mars.

En voici les grandes lignes : lancer rapidement une mesure de désignation pour les cinq ans à venir pour la téléphonie fixe ; intégrer dans le service universel de la téléphonie fixe des indicateurs de qualité et de réactivité de service qui restituent la réalité vécue par les usagers au niveau départemental ; préparer dès aujourd’hui le service universel territorialisé de l’acce s internet haut débit ; é́laborer, au titre du service universel garanti, une obligation de raccordement et une obligation de réparation assortie de pénalités financières et de sanctions effectives ; rétablir une servitude d’élagage au profit du propriétaire de réseau ; développer le rôle des technologies alternatives (boîtier 4G fixe, antenne satellitaire) dans le cadre du service universel pendant la phase de transition vers le haut débit ; renforcer la transparence du service universel ; développer, à terme, chez les opérateurs des communications électroniques, une force mutualisée de l’intervention rapide sur les réseaux ; anticiper dès aujourd’hui les grandes évolutions qui concerneront nos réseaux de communications électroniques lors de la transition à la fibre et généraliser l’enfouissement des réseaux.

Article publié dans Le Crestois du 12 février 2021