Evian : Des habitants de Living Léman attendent toujours internet

Claude BOUZIN

Dans l’immeuble social de l’ensemble immobilier Living Leman, plus de la moitié des habitants n’ont ni téléphone, ni internet. La persévérance d’un collectif a permis de débloquer la situation.

Le complexe Living Léman du promoteur Vinci, constitué de trois bâtiments en accès à la propriété et d’un quatrième destiné à des logements sociaux (38 appartements), a été livré fin 2019. En plus de nombreux problèmes de malfaçons signalées par des locataires constitués en collectif, il est apparu au fil des installations au printemps et au début de l’été 2020, que 27 locataires sur 38 ne peuvent pas se connecter au réseau internet et téléphonique.

Depuis l’été dernier, à l’initiative de Chloé N., de nombreux courriers ont été envoyés aux différents responsables (mairie, Orange, bailleur social SA Montblanc) et aux opérateurs par les abonnés. La maire de la ville Josiane LEI a reçu quelques membres du collectif plusieurs fois, intervenant par courrier auprès de la SA MontBlanc et auprès de Damien BIARD, le directeur des relations avec les collectivités locales des Pays de Savoie chez Orange.

Sans rentrer dans les détails, Chloé explique : « On a été mis dans le brouillard de Juillet à Novembre. Orange, le propriétaire des lignes, n’a jamais répondu par courrier ». En parallèle, depuis juillet, les différents locataires déconnectés reçoivent chaque mois de leurs opérateurs, un SMS repoussant l’activation de leur ligne au mois suivant avec pour explications, des travaux à effectuer. En Octobre, un directeur de SA Montblanc a fait du porte à porte auprès de quelques locataires afin de tenter de comprendre l’absence de réseau.

Le médiateur des télécommunications sollicité

Chloé N. a entrepris plusieurs démarches dans l’espoir de voir la situation évoluer, dont une première demande d’intervention auprès du médiateur des télécommunications. Après un premier refus pour cause de « non-conformité à la procédure de saisie du médiateur » et, afin de booster une seconde demande d’intervention auprès du médiateur qui a accepté, Chloé N a fait remplir par ses voisins une attestation mentionnant leur détresse numérique.

Enfin, la SA MontBlanc est intervenue en Janvier auprès de Vinci et d’Orange pour que cela se règle, dans la foulée de l’intervention de la ville auprès du Syane (Syndicat des énergies et de l’aménagement numérique de Haute-Savoie) en décembre.

Dans le courant de ce mois de février 2021, un nouveau câble téléphonique doit être tiré depuis le central situé au 9 avenue Jean-Jaurès. « D’ici la fin du mois, tout devrait être réglé », assure Bertrand Vouaux, le directeur des services techniques de la ville.

En attendant, Chloé N et Danny A, les porte-parole du collectif depuis juillet pour ce problème de connexion, ont obtenu une airbox 4G en exigeant une solution palliative auprès de la boutique Orange de Thonon-les-Bains. Ils transmettront cette option aux quelques voisins qu’ils rencontreront au fil des jours.

Un problème de saturation du réseau

Bertrand VOUAUX, le directeur des services techniques de la ville, a fait le point sur ce problème de connexion qui empoisonne les locataires de l’immeuble Living Leman. « Au fur et à mesure des demandes d’abonnement auprès des différents opérateurs et des connexions au fil des installations filaires, s’est saturé, explique le directeur. Il semble que le problème soit venu d’un manque de coordination entre le service commercial et les services opérationnels d’Orange. Comme l’immeuble est neuf, les locataires ont eu du mal à voir l’origine du problème ».

Bertrand VOUAUX confie que « dès qu’on a connu le problème, la maire et moi-même avons pris contact avec le directeur territorial régional d’Orange »

Dernières nouvelles :
Toujours en attente…
Un véritable sketch ici : orange avait contacté plusieurs voisins pour un raccordement cette semaine, finalement tout les raccordements sont repoussés en avril.
Peut-on les croire ?

Interview de Orange j’enrage ! sur RCF radio

Lundi 15 février nous avons été reçus par Marie Charlotte Laudier de RCF radio pour donner notre point de vue sur les conclusions de la mission parlementaire qui nous a auditionnés sur les problèmes de téléphonie fixe et de l’application du service universel et que madame Célia de Lavergne, députée de la Drôme, a présenté à l’Assemblée nationale le 10 février dernier.

Mme Célia de Lavergne présente ses conclusions à l’Assemblée nationale

Mme Célia de Lavergne, députée de la Drôme, rapporteure à l’Assemblée nationale du groupe de travail de la commission des affaires économiques sur les obligations du service universel des télécommunications a présenté les conclusions de sa mission, le mercredi 10 février 2021. Vous pouvez la suivre ici en vidéo.

Nous félicitons sincèrement Madame de Lavergne pour la brillante présentation de ses conclusions à l’Assemblée nationale.

Ses propositions rejoignent en de nombreux points celles que nous lui avions soumises, nous en sommes heureux et nous la remercions de l’attention qu’elle a porté aux attentes des usagers et à la parole des collectifs d’usagers.

Nous avons aussi été agréablement surpris que la question fasse consensus et avons bon espoir que cela soit bon signe pour l’avenir.

Nous espérons que le gouvernement suivra ces propositions et restons actifs pour contribuer à soutenir la pleine application du service universel.

Nous nous interrogeons sur certains points et nous ne manquerons pas de revenir dessus prochainement.

La Mairie d’Eygluy-Escoulin (26) lance une collecte de fonds pour Orange et ses otages

Une initiative qui pourrait se répandre dans d’autres communes !

En février 2018, l’entreprise dirigée par Stéphane Richard avait réagi par un communiqué aux menaces de suspension du groupe TF1 en indiquant : »Orange regrette que ses clients soient pris en otage de cette manière et appelle TF1 à retrouver un dialogue constructif dans l’intérêt des téléspectateurs ».

L’expression est outrancière au regard de ce que fut la situation, et eût égard aux tragédies réelles auxquelles elle renvoie, mais puisque Orange se permet de communiquer de la sorte, nous nous sentons donc autorisés à reprendre sa formule, regrettant que les clients de Orange soient pris en otage par …Orange et redoutant que cela n’aboutisse, pour le coup, à une véritable tragédie.

Voilà des années que nous alertons sur ce problème, et nous avons affaire à un mur, et à une prise d’otage des citoyens liée au monopole Orange sur les lignes fixes, comme des milliers de personnes dans les territoires ruraux en France.

Voilà encore une semaine qu’Internet est coupé dans la vallée de L’Escoulin, et nous « bénéficions » de 0,5 de débit habituellement. Les habitants doivent faire 15 km pour pouvoir se connecter ou téléphoner…Allez donc préparer votre bac blanc dans ces conditions, ou communiquer pour votre laboratoire de recherche, ou faire tourner votre entreprise, ou alerter en cas d’accident.

Les lignes cuivre doivent être changées, car contrairement à ce qui est annoncé par Orange, le dispositif « Cohésion Numérique des Territoires » ne permet pas aux personnes résidant dans des communes ou des zones qui n’ont pas accès à un réseau internet de qualité d’obtenir malgré tout une bonne connexion internet. Cela ne fonctionne pas du tout et nous nous en sommes déjà expliqué dans « Le Crestois » . En réalité, lorsqu’on en fait la demande, il nous est répondu que nous ne sommes pas éligibles à cette aide. On tourne en rond.

Une trentaine d’interlocuteurs sont auditionnés par une mission parlementaire d’ici à mi-février.

Le collectif « Orangej’enrage » en fait partie, nous sommes en contact régulier avec eux et ce collectif déborde désormais largement l’Ardèche et la Drôme.

Pour aider Orange à effectuer sa « résilience » (c’est le nouveau gadget des communicants), la Mairie d’Eygluy-Escoulin a donc mis en place une urne pour une collecte de fonds destinés à cette entreprise visiblement en difficulté, afin qu’elle puisse nous installer une ligne cuivre qui coûte sans doute trop cher. Orange, une entreprise au chiffre d’affaires de 42,238 milliards d’euros en 2019, avec un cours de l’action Orange  qui a encore pris 0,23 le 1er février.

« Ce n’est pas plus choquant que l’expression prise d’otages utilisée par Orange en 2018. En mars 2020, le gouvernement, Mr Darmanin en tête, a lancé un appel aux dons pour aider les entreprises en difficulté, et Orange nous semble en grande difficulté, comme le prouvent les milliers de signatures et les dizaines de pétitions, parfois menées par des parlementaires interpellant Stéphane Richard ou le gouvernement, et qui se perdent depuis des années dans des impasses.

Nous espérons qu’il n’en sera pas de même pour l’audition officielle dirigée par Mme De Lavergne car nous en avons plus qu’assez d’être pris en otages par Orange, que nous voulons aider.

Syndrome de Stockholm sans doute ».

Téléphone : « En Drôme-Ardèche, des territoires ruraux ont été abandonnés »

  Un article de Robin Charbonnier

C’est une mission « flash » pour tenter de comprendre des lenteurs. Celles imputées à l’opérateur historique Orange qui délaisserait le réseau téléphonique fixe. Célia de Lavergne, députée LREM de la Drôme, est à la tête de cette mission. Elle s’explique avant de rendre les conclusions, mercredi 10 février.

Si avec le téléphone portable, les cabines téléphoniques ont disparu, des habitants se plaignent de ne pas avoir un service « fiable » de la téléphonie fixe chez eux, en Ardèche et dans la Drôme.

Pourquoi cette mission  ?

« Elle fait suite à la tribune que j’avais signée avec 215 élus dans Le Journal du dimanche à la mi-décembre afin de dénoncer l’absence de cadre pour le service universel de la téléphonie fixe et la dégradation de ce service ces dernières années. »

Cette dégradation du service de téléphonie fixe est-elle vraiment réelle ?

« L’Arcep, le gendarme des télécommunications, avait mis en demeure Orange fin 2018, car l’opérateur ne remplissait pas ses objectifs. Par exemple, les Drômois et les Ardéchois ne bénéficiaient pas d’une réparation ou d’une ouverture de ligne dans un délai raisonnable. Si Orange a ensuite fait des efforts, nous avons clairement identifié sur le terrain, avec les maires, une nouvelle dégradation du service, avec ce sentiment que certains territoires ruraux ont été abandonnés. La Drôme et l’Ardèche sont des départements particulièrement touchés. »

En quoi la Drôme et l’Ardèche sont-ils des territoires « particulièrement touchés » ?

« La convention de service universel repose sur des indicateurs nationaux. Ainsi, 95 % des Français doivent bénéficier d’une réparation sous 48 heures ou d’un raccordement dans un délai de 12 jours. Or, dans la Drôme et en Ardèche, il y a une certaine proportion des habitants qui doit être dans les 5 % restants : il faut compter des semaines pour avoir une réparation et des mois pour un raccordement. Ce sont des délais inacceptables ! »

Que faut-il faire ?

« L’objectif est de fixer un cadre plus clair, plus exigeant. En contrepartie, cela pourrait nécessiter des compensations plus importantes pour l’opérateur [en charge du service universel, NDLR] de la part de l’État. Il faut en tout cas trouver des solutions concrètes face à des situations d’abandon, voire de mépris pour certains citoyens. »

Mais l’opérateur historique Orange affirme que le réseau est d’ores et déjà bien entretenu…

« Lors d’une audition, j’ai indiqué à Orange qu’ils gagneraient à reconnaître qu’ils ont été moins efficaces et qu’ils ont délaissé certains territoires. Par exemple, dans la Drôme, le site internet d’Orange indique un délai “a minima” de huit mois pour un raccordement. Cela veut dire qu’il y a une volonté délibérée de l’opérateur de rallonger le délai. Je maintiens ainsi qu’il y a un sous-investissement chronique sur le réseau cuivre, mais aussi sur le service clients pour gérer les demandes. Outre la Drôme et l’Ardèche, il y a également des “poches” semblables en Normandie, Bretagne et Corse. Je vais continuer à chercher, grâce aux associations d’élus, les autres territoires abandonnés car jugés non rentables. C’est une stratégie délétère qui nuit à la qualité du service. »

Repères

La mission

Avec d’autres députés, Célia de Lavergne a auditionné le gendarme des télécommunications (Arcep), Orange, mais aussi des associations et des élus. Les conclusions seront rendues ce mercredi 10 février.

Des élus qui montent au créneau

Ces derniers mois, de nombreuses initiatives ont été prises par des élus. Il y a eu cette tribune dans Le Journal du dimanche avec Célia de Lavergne et 215 élus. « Dans nos campagnes drômoises, la colère monte », avait notamment souligné la députée LREM. Puis, il y a quelques jours, à l’initiative des trois députés ardéchois, une tribune a été signée par 269 élus de l’Ardèche pour « dénoncer les dysfonctionnements et l’attentisme dont fait preuve, depuis trop longtemps, Orange ». D’autres initiatives ont aussi été mises en place pour interpeller l’Arcep.

Du retard et un débat sur le nouveau service universel

Célia de Lavergne, députée de la 3e circonscription de la Drôme et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Photo DR

Vous évoquez aussi une « absence de cadre », c’est-à-dire ?

« L’État avait confié, fin 2017, à Orange, la gestion du service universel, à la fois pour la réparation et les nouveaux raccordements, pour que chacun citoyen puisse avoir accès une ligne téléphonique fixe chez lui. La convention s’est achevée fin novembre 2020. »

Pourquoi cette convention pour le service universel n’a pas été, pour l’instant, renouvelée ?

« Avec la crise sanitaire, du retard a été pris, notamment dans le vote de la loi du nouveau service universel. Il faut alors gérer cette période transitoire. »

Qui assure actuellement ce service universel ?

« Même si nous avons des points à lui reprocher, Orange se dit prêt à continuer jusqu’à la mise en place d’un nouveau service. Mais, malheureusement, les délais de réparation demeurent trop longs. »

En quoi consistera ce nouveau service universel ?

« C’est en débat. Soit ça sera la même convention que la précédente, soit, en plus de la téléphonie fixe, on ajoute un service universel pour internet. Il y a aussi la question de la régionalisation du service, avec des acteurs qui seraient plus proches du terrain. »

L’opérateur historique

Des critiques « excessives » selon Orange, qui se défend

Sollicité de nombreuses fois par Le Dauphiné Libéré ces dernières années dès lors que des problèmes téléphoniques sont signalés par des habitants, l’opérateur Orange apportait, à

chaque fois, plusieurs réponses selon les circonstances : la météo capricieuse en Drôme-Ardèche, avec entre autres un vent violent qui peut mettre à mal des poteaux et des câbles téléphoniques ; le non-entretien d’arbres par les propriétaires, avec des branches qui peuvent détériorer les lignes ; l’accès difficile au réseau dans certains secteurs géographiques ; le recours limité aux nacelles en fonction des conditions météo pour effectuer certaines réparations.

L’opérateur affirmait aussi que les demandes de réparation étaient bien traitées en fonction des priorités, en particulier pour d’abord prendre en compte les personnes âgées et isolées.

De manière plus globale, piqué au vif, le patron d’Orange, Stéphane Richard, a aussi répondu aux critiques, les jugeant « excessives », il y a quelques jours, lors des vœux présentés à la presse. Il a admis des « coupures qui ne sont pas réparées suffisamment vite » mais elles sont, selon lui, « marginales ». Le PDG s’est appuyé sur les chiffres de recrutement (220 techniciens supplémentaires en 2020, 120 en plus en 2021) et le montant de l’investissement (500 millions d’euros par an pour entretenir le réseau). Stéphane Richard a surtout souligné que la compensation financière de l’État n’était pas assez élevée.

Des Habitants en colère

Un collectif plaide pour « un accès fiable au téléphone fixe »

En 2019, un collectif appelé “Orange, j’enrage” a été créé par des habitants en Ardèche. L’une de ses actions est d’avoir mis en place une carte collaborative sur internet (orangejenrage.fr), pour que chacun puisse indiquer l’état du réseau téléphonique. Objectif : montrer très clairement « la dégradation continue du réseau et la multiplication de personnes en détresse ».

On peut ainsi lire “câble dans le fossé” à Gluiras, “ligne décrochée” à Saint-Julien-du-Gua et à Saint-Christol, “présence de moisissure dans le boîtier” à Viviers… Le bémol de cette carte est que les dates des signalements sont rarement mises et qu’il est possible que des réparations aient eu lieu depuis. Mais le collectif précise bien sur son site que cette carte “n’a pas la prétention d’être exhaustive, ni absolument précise” et qu’elle peut “comporter certaines erreurs”.

Le président du collectif, Alain Baraquie, qui habite dans le village de Saint-Julien-Labrousse, espère surtout que la mission menée par la députée Célia de Lavergne puisse affirmer plusieurs points : « Que le principe d’égalité entre les citoyens soit appliqué comme c’est inscrit dans la constitution. Que chaque citoyen bénéficie d’un accès fiable au téléphone fixe et à internet comme le prévoit le service universel. Que l’État exerce son rôle de contrôle et de protection des usagers face aux abus des opérateurs. »

Il se félicite également de la mobilisation « en nombre » des élus, rappelant qu’il faut que ceux-ci « associent les collectifs de citoyens » à leur démarche. Avec l’espoir d’obtenir, au final, « des résultats concrets ».

Evian : privés d’Internet et de téléphone depuis la livraison de leur immeuble, il y a un an

PAR ATMANE HARFOUCHE

L’immeuble de logements sociaux du programme Living Léman construit à la place de l’ancienne usine d’embouteillage est privé depuis sa livraison, fin 2019, de ligne téléphonique. Une situation qui s’éternise et qui est particulièrement éprouvante pour des dizaines d’Evianais.

Le nouvel ensemble aménagé autour de la gare continue de faire parler de lui. Si le stationnement anarchique est récurrent sur l’extension de l’avenue de la Gare, ce souci devrait être réglé avec la construction en cours du parking à silos. Pour les habitants du numéro 44, un autre problème existe depuis la livraison du bâtiment à la fin de l’année 2019. Les 41 logements sociaux ne peuvent pas ouvrir une ligne téléphonique. « C’est comme si nous n’existions pas », constate Danny qui a lancé les démarches avec plusieurs opérateurs avec à chaque fois la même réponse : « On ne vous trouve pas ».

Pour tous, le calvaire est le même et prend la forme d’un véritable parcours du combattant à travers les méandres des hotlines des groupes de télécommunication, du bailleur social et des techniciens de l’opérateur historique. « Le discours est à chaque fois différent, on nous balade, on nous dit qu’une intervention va avoir lieu mais finalement elle est repoussée », « on nous prend pour des cons », assène d’une même voix la demi- douzaine de résidents qui a souhaité s’exprimer dans l’espoir de faire bouger les choses.

Pourtant, au fil des mois, des électriciens, géomètres et responsables de la SA Mont Blanc sont venus sur place pour témoigner de leurs bonnes intentions et essayer de résoudre le problème, sans succès.

« Je passais mes appels dans ma baignoire ! »

Il est, de nos jours, devenu difficile de se passer d’une connexion internet qui permet d’accéder à de nombreux services, y compris publics. Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. « Le confinement a été épouvantable », lâche Dominique qui avait du réseau téléphonique uniquement dans sa salle de bain. Je passais mes appels dans ma baignoire ! »

Malgré le palliatif du réseau mobile, la situation reste précaire pour letélétravail, le divertissement et les relations sociales. « Impossible d’appeler en visio mes proches », témoigne Chloé. « Mon employeur a profité du confinement pour nous former mais j’ai pris du retard faute d’une bonne connexion et je suis en difficulté aujourd’hui », ajoute Danny.

Collégienne, la fille de Vanessa pâtit aussi de la situation. « Elle n’a pas pu suivre tous ses cours à distance et est à la traîne maintenant », confie sa maman.

Tous se sentent abandonnés, d’autant plus que les appartements voisins, issus du même programme et livrés en même temps, ont pu ouvrir une ligne téléphonique et bénéficier d’une connexion internet normale. « Nous ressentons du dégoût. Ce n’est pas juste. Seuls nous, habitants des logements sociaux, sommes dans cette situation ». « On nous méprise », concluent-ils unanimement.

Ces derniers mois, 11 résidents ont fini par réussir à ouvrir une ligne téléphonique mais les 30 autres locataires sont toujours dans l’attente.

Des habitants pas tous logés à la même enseigne

Les locataires du 44 avenue de la Gare, à Evian, ont vu, en contrebas de leur immeuble, s’achever la seconde partie du programme Living Léman le long de l’avenue Anna-de-Noailles. Les appartements en copropriété ont été livrés par Vinci à la fin de l’année 2020 et peuvent aujourd’hui ouvrir une ligne téléphonique.

« Nous avons été bloqués un mois mais le service fonctionne depuis le 15 janvier », raconte un résident.

Selon le bailleur « Orage ne remplit plus sa mission de service public »

Contacté, le bailleur social reconnaît combien la situation de l’immeuble dont il a la gestion est difficile. « Nous n’arrivons pas à avancer », confie Jean-Philippe Parmentelat, directeur général adjoint de la SA Mont Blanc. « Quand nous avons réceptionné les appartements, il n’y avait pas de problème d’après nos interlocuteurs techniques. » Pour le responsable, ce n’est pas un cas isolé : « Avoir une ligne téléphonique opérationnelle à la livraison est devenue difficile dans toutes les opérations neuves. » Et va jusqu’à affirmer : « Orange ne remplit plus sa mission de service public. » Si aucune solution n’arrive, il invite les résidents du 44 avenue de la Gare « à saisir l’Arcep, l’autorité de régulation des communications, nous serons prêts à les soutenir ».

Du côté d’Orange, on annonce qu’« une intervention aura lieu le 27 janvier » et que « la ligne devrait fonctionner dans les jours suivants ». L’opérateur historique apporte aussi une explication : « Le réseau local n’était pas en capacité pour relier le quatrième bâtiment de l’ensemble immobilier, c’est une erreur de notre part. »

Quant aux délais pour trouver une solution, le service communication d’Orange assure comprendre « le désarroi » des habitants concernés. Et d’ajouter : « C’est assez dingue de devoir attendre plus d’un an. Nous avons été prévenus en décembre par le référent collectivités d’Evian qui avait été contacté par la mairie. » L’opérateur historique évoque tout de même des circonstances atténuantes : « En Haute-Savoie, nous devons tout faire en même temps : étendre le réseau pour suivre le rythme des constructions et installer la fibre. Il peut y avoir des ratés mais nous faisons de notre mieux. » Les locataires clients d’Orange devraient bénéficier d’« un geste commercial ».

Dernières nouvelles le 11 février : une fois de plus Orange n’a pas tenu ses engagements et les habitants ne sont toujours pas raccordés !

Nos propositions à la Mission parlementaire : un service 100% universel, public et sans discriminations !

Le 3 Février 2020, les collectifs d’usagers « Orange j’enrage ! » et « les Oubliés d’Orange », ont été auditionnés par la mission parlementaire de l’Assemblée nationale dans le cadre du groupe de travail de la commission des affaires économiques sur les obligations du service universel des télécommunications. Cette mission est animée par Mme Célia de Lavergne, députée de la Drôme, qui en est la rapporteure.

Nous avons exposé nos observations sur les scandaleux dysfonctionnements et les graves conséquences économiques et sociales entraînées par l’état d’insécurité numérique.

Nous avons surtout émis des propositions concrètes pour mettre un terme à l’incurie qui règne :

Garantir l’égalité d’accès au téléphone et à internet, obligation légale bafouée par Orange et non assurée par l’État

Réalisons la scission des activités d’Orange en deux entités distinctes selon le modèle de la commercialisation et de la distribution de l’électricité (Enédis) qui a fait ses preuves en terme de fiabilité. On obtiendra ainsi d’une part une entreprise commerciale, fournisseur d’accès ouverte à la libre concurrence et de l’autre un gestionnaire du réseau national responsable et garant de l’égalité des citoyens et des territoires dans l’accès au téléphone et à internet. L’État actuellement actionnaire minoritaire en détenant  23 % du capital d’Orange transférera ses actions dans la structure réseau pour obtenir ainsi une participation majoritaire qui lui donnera sa pleine capacité à entreprendre rapidement la rénovation du réseau qui s’impose aujourd’hui.

Restaurer le réseau téléphonique abandonné depuis 1997 lors du passage aux entreprises privées France télécom puis Orange 

Un inventaire par commune des dégâts (nombre de poteaux, de boitiers de raccordement et de km de câbles endommagés,) et leur réparation immédiate.

Un inventaire par commune des personnes laissées pour compte (nombre de foyers qui ne sont plus raccordés) et le rétablissement immédiat de leur ligne.

La mise en place des indicateurs de performance et de contre-performance au niveau communal.

Entretenir quotidiennement le réseau

Réintroduire des équipes techniques de proximité.

Assurer le suivi, pas à pas, de la restauration du réseau, 

Mise en place d’une plate-forme numérique nationale dont les données seront fournies par les techniciens du gestionnaire et par les élus locaux. Cette plate-forme sera consultable par tous les citoyens. 

Contrôler l’application effective du service universel 

Ce sont les données rassemblées sur le terrain, commune par commune, qui permettront à l’Arcep, d’exercer, enfin, pleinement son rôle d’autorité et de régulation.

Protéger les usagers des abus des opérateurs

Information publique sur les droits des consommateurs.

Modification des conditions générales de vente d’Orange sur la facturation des périodes sans service fourni.

Renforcement du cadre légal des procédures de signalement et de recours pour accélérer et simplifier les litiges et sanctionner les pratiques abusives.

Améliorer le service universel de la téléphonie

Associer les usagers et collectifs d’usagers à la réflexion sur les modalités d’évaluation des progrès attendus ainsi que sur les choix technologiques et sur leur mise en application, notamment sur le déploiement de la fibre et la téléphonie mobile.

Les deux collectifs ont remis à la Mission parlementaire des réponses écrites aux questions qu’il ont reçues ainsi qu’un document commun de 30 pages présentant les observations qu’ils ont effectuées sur le terrain et les solutions précises qu’ils préconisent.

La mission parlementaire rendra un rapport final qui sera transmis le 10 février au gouvernement, nous l’attendons avec impatience.

Nous attendons également avec la même impatience les suites que le gouvernement voudra bien lui donner.

Nous ne manquerons pas de vous informer des conclusions tirées par cette mission parlementaire, et des suites qu’il conviendra de donner du côté des usagers.

Hautes Alpes : 15 maires dénoncent les problèmes de réseaux téléphoniques et internet en zones rurales

Il n’y a pas que dans la Drôme et l’Ardèche que ça crise ! Partout en France …

Plus d’internet, plus de réseaux téléphoniques… Le Buëch et ses habitants n’ont plus de téléphone depuis plusieurs mois ni internet. Comme le souligne Gérard Tenoux, vice-président du Conseil départemental des Hautes-Alpes, la situation est inacceptable. Les installations ne sont plus entretenues. Pourtant, comme le souligne le maire du Bersac Dominique Drouillard, les usagers continuent de payer leur facture sans aucun service assuré :

Publié par Hugo GUYON le ven, 05/02/2021 – redaction@dici.fm

Numérique: l’entraide tisse sa toile

Un article de Libération, très instructif sur les possibilités du numérique pour favoriser les solidarités. On y apprend que 13 millions de Français sont aujourd’hui exclus de l’accès au numérique pour différentes raisons dont, entre autres, pour n’avoir pas  accès à une connexion.
Désenclaver les isolés, faire circuler l’information, donner accès aux droits… Le numérique est un puissant levier pour activer les solidarités. A condition d’humaniser les dispositifs…

par Benjamin Leclercq, pour Libération le 27 janvier 2021 à 17h06

Il fut, en 2020, une bouée de sauvetage. A l’heure où le pays tout entier fermait boutique, en mars puis en octobre, les citoyens, claquemurés par surprise, isolés comme jamais, s’en sont remis à lui. Agglutinés derrière leurs écrans, pour continuer à travailler, à étudier, pour requérir une aide financière, un soutien psy, activer des droits, accéder aux services publics ou encore ébrécher la quarantaine sociale et les affres de la solitude inopinée. Et si le numérique était notre nouveau filet de sécurité ?

«L’année passée a montré le visage d’un autre numérique, créateur de communautés et activateur de lien social», confirment Emma Ghariani et Caroline Span, codirectrices de la MedNum, la coopérative nationale des acteurs de la médiation numérique, qui œuvre pour un numérique inclusif et créateur. «Ce numérique-là, du quotidien et de proximité, a favorisé les solidarités.»

«Fil d’Ariane»

Les exemples ne manquent pas, et les initiatives fourmillent. Aux manettes, une pluralité d’acteurs. Il y a, en premier lieu, les citoyens eux-mêmes, tissant de nouveaux réseaux d’entraide informels, via les réseaux sociaux notamment. Il y a aussi, bien sûr, le monde associatif qui, pour garder le lien avec les usagers, connecter les bénévoles ou maintenir son financement, rivalise d’applis, de plateformes de crowdfunding ou de réseaux sociaux communautaires. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire ne sont pas en reste, reliant consommateurs et petits producteurs fragilisés à coups de places de marché dématérialisées. «Le numérique permet d’amplifier la logique de services», note Jérôme Saddier, président du Crédit coopératif, banque référente de l’économie sociale et solidaire. «Ce canal nous a ainsi permis, depuis le début de la crise sanitaire, d’activer et de massifier une solidarité financière d’urgence, en distribuant en ligne des prêts garantis rapides et nombreux», illustre-t-il.

Il y a, enfin, les pouvoirs publics. Et en particulier les départements, «chefs de file» – la République le dit (loi Maptam de 2014, loi Notre de 2015…) – de la promotion des solidarités et de la cohésion territoriale. De fait, ces derniers ont saisi la balle au bond, renforçant lors de la crise sanitaire les dispositifs existants ou en créant de nouveaux.

Le numérique leur a permis, d’abord, d’atteindre des catégories de population vulnérables et souvent éloignées des services publics. Exemple : la jeunesse, qui paie, souvent dans l’ombre, un lourd tribut économique, social et psychologique à la crise généralisée. «Les politiques publiques peinent à être entendues par les jeunes, témoigne Arnaud Simion, vice-président du conseil départemental de Haute-Garonne, en charge de la jeunesse. Seuls 11 % des jeunes sollicitent les bons solidaires prévus pour eux par le département. Dès lors, l’outil numérique est pour nous clé, car il leur redonne la parole et rétablit un lien.» Un lien que le département a matérialisé avec GO31, une application lancée en 2020 à destination des 11-29 ans (un quart de la population du département). Recherche de logement, d’emploi, de stage, demande de bourse, info culturelle, sportive ou sociale de proximité, tchat et numéros utiles… Elle est «un fil d’Ariane dans le labyrinthe de l’accès aux droits et aux services publics», poursuit Arnaud Simion. GO31 a d’ailleurs été élaborée avec un groupe de jeunes pour mieux coller à leurs besoins.

Le numérique facilite aussi l’entraide communautaire, en connectant des usagers qui sont concernés par les mêmes problématiques. En Gironde est ainsi né Mobalib, le premier réseau social du handicap. Fruit d’un partenariat entre associations et département, il vise à créer une communauté et des outils numériques pour faciliter la vie quotidienne des personnes en situation de handicap.

La solidarité économique a, elle aussi, surfé sur la vague. Concrétisation parmi d’autres : la mise en lien des producteurs et consommateurs locaux dans une logique de circuit court et de soutien à l’agriculture paysanne. Exemple avec la Dordogne et la création, pendant le confinement, d’un «drive fermier numérique», bâti avec la chambre d’agriculture. Même démarche dans le Lot-et-Garonne, avec Du47dansnosassiettes.fr, plateforme connectant habitants et acteurs locaux aux producteurs du territoire.

«Solutionnisme»

Reste un écueil majeur sur cette trajectoire vertueuse, comme un paradoxe : le numérique, accélérateur de solidarités, est aussi un redoutable producteur d’exclusion. «Près de 13 millions de Français en sont aujourd’hui exclus, soit parce qu’ils ne sont pas équipés, soit parce qu’ils vivent dans une zone blanche ou grise, soit parce qu’ils peinent dans l’usage», rappelle la MedNum. Fracture numérique et «illectronisme» n’épargnent personne. «On a longtemps considéré qu’il s’agissait d’un problème de seniors, or on voit bien que tout le monde est concerné, de l’ado qui ne sait pas trouver une info importante sur Internet au patron de PME qui n’a pas d’adresse mail.»

Dès lors, le «levier numérique» court le risque du flop. «Les pouvoirs publics cèdent un peu trop souvent au solutionnisme technologique, sur le mode « Un problème ? Un outil numérique ! » Le tout au doigt mouillé, sans analyser les besoins exacts des publics cibles. Or objectiver la fragilité numérique est un préalable», avertit Caroline Span, de la MedNum. Le piège ? «Développer une app est dans l’air du temps et coûte souvent moins cher que mobiliser du personnel supplémentaire.» «Le numérique n’est pas une solution miracle, tempère aussi Jérôme Saddier, du Crédit coopératif. Prenez par exemple la culture ou l’éducation populaire, le numérique ne leur a été d’aucun secours face à la crise. Il ne remplacera jamais la véritable interaction humaine.»

Une solidarité 100 % numérique, désincarnée et technologisée, serait un recul, notent à l’unisson les acteurs du secteur. «70 % des Français préfèrent encore le téléphone à Internet quand ils ont un problème complexe», rappelle la MedNum, qui pointe l’échec des bots informatiques, ces intelligences artificielles d’aide en ligne souvent dédaignées par les internautes.

Passage obligé, donc : résorber la fracture, et humaniser les dispositifs. Premier outil, la médiation numérique. «Elle est à la croisée du care [concept fondé sur l’attention à l’autre et aux plus vulnérables, ndlr] et de la tech, décrypte Emma Ghariani (MedNum). Le premier niveau d’accompagnement consiste à lever les blocages et donner confiance.» En 2020, la coopérative du numérique a ainsi créé «Solidarité numérique», centre de ressources et d’appels, et mobilisé quelque 2 000 médiateurs numériques bénévoles pour accompagner les citoyens ballottés par la soudaine vague de dématérialisation. Pour naviguer sur le site de Pôle emploi, demander son RSA en ligne, se connecter à sa banque ou communiquer avec ses proches, 20 000 personnes ont bénéficié du service. Autre dispositif en développement, les maraudes numériques. En milieu rural ou auprès des urbains précarisés, elles permettent de rendre l’outil maniable à ceux qui en sont le plus éloignés.