Dans nos villages Drômois, appeler les services d’urgence à certaines périodes est devenu impossible.

L’internet et la téléphonie dans la Drôme,ou l’histoire de la lampe à huile et de l’escargot, article paru dans le Crestois.

Pendant que notre Président de la République tient des discours sécessionnistes sur la 5G au service de ses commanditaires, lorsqu’il jubile très visiblement en comparant la résistance devant ce produit toxique à une adoration pour l’économie Hamish, 63 % du territoire (22500 communes rurales) reste en zone « grise ».

Dans nos villages Drômois, appeler les services d’urgence à certaines périodes est devenu impossible.

Et là, les opinions politiques ne comptent plus : ça ne fonctionne pas, des vies sont en jeu. Le comble c’est lorsque votre voisin pompier volontaire vous explique que de toutes façons ses collègues ne peuvent pas le joindre en cas de pépin.

Alors admettons que la « valeur statistique » de nos vie humaines ait encore dégringolé, gloup, et voyons ce qui se passe du point de vue socio-économique.

Votre plombier vous remet votre devis sous forme papier – quand l’imprimante fonctionne, autre arnaque mondiale – car son entreprise n’a pas accès à internet depuis des mois.

Votre banquier vous sollicite depuis des semaines par téléphone – quand il fonctionne – pour que vous remplissiez ce fameux document indispensable à l’accès à votre compte bancaire. Nouvel algorithme oblige, nouveau logiciel qui vous renvoie systématiquement au point de départ comme un chien qui se mord la queue, nouveau « machin » éminemment chronophage où vous vous prenez à regretter de ne pas avoir fait bac +40 en informatique.

Et toc, internet s’arrête. On rit jaune….enfin…orange.

Vous admirez la patience infinie de la secrétaire de mairie ou du cabinet médical devant un « haut débit » digne du téléphone de Mr Ingalls, pendant qu’il vous est impossible de renouveler votre carte grise via internet, ce qui est devenu obligatoire, comme TOUT le reste. Idem pour votre centre des impôts si vous avez changé d’adresse, avec les pénalités car si vous êtes en retard, c’est de votre faute et en aucun cas celle des opérateurs. « Le Français est un râleur ». Tu m’étonnes.

Du coup, ce qui devient encore plus admirable, au point de nous en laisser aussi pantois qu’un salarié en télé-travail, c’est un Président de la République qui cherche à imposer une 5G à une population dont près de 20% vit encore, pour reprendre sa propre expression, à l’époque de « la lampe à huile ».

Face à cela, plus nous montons dans le mille-feuille administratif et politique à la Française, qui laisse si goguenards nos voisins européens, plus l’impression d’impuissance devient tangible.

Mme de Lavergne a eu la gentillesse de me contacter, suite à un premier article paru dans Le Crestois, via son assistant parlementaire à qui les services techniques d’Orange ont répondu qu’ils allaient faire « un diagnostic ». Je la remercie ici, au passage, pour sa démarche. Mais depuis, rien. Le coup du « diagnostic », nous sommes des millions à qui on ne la fait plus.

Élus ou pas élus, nous sommes tous menés en bateau. Le même bateau.

Autre exemple, une motion de censure concernant ces problèmes devrait être proposée au vote à la CCVD prochainement. Ce premier pas, s’il a le mérite d’exister, traduit aussi un sens du fatalisme assez déroutant.

Car les décisions prises dans les hautes sphères internationales, par des petits génies qui ont toujours six coups d’avance, oui, tout cela nous dépasse largement, élus ou pas élus, à Paris comme à la campagne.

Mais c’est autant de raisons pour agir en coordination, puisque c’est précisément sur cette carence de communication qu’ils comptent bien et, en France, ils sont servis.
Personne ne me fera croire que les Élus municipaux et inter-municipaux, les Sénateurs, les Députés, les Conseillers Généraux et Régionaux – et j’en oublie – n’ont pas les moyens d’ester en justice ou à tout le moins de faire sérieusement pression, pour le peu qu’ils s’y mettent ensemble.

En tout cas c’est pour ça qu’ils sont élus. Or, c’est tout le contraire qui se passe. Les démarches, quand elles existent, semblent se faire en ordre dispersé et évoluent ainsi à la vitesse d’un escargot.

Cette invalidation de fait agace le citoyen lambda quand il se retrouve sans moyen de communication, comme cela arrive trop souvent et trop régulièrement.

« – Le Français est un râleur ». « – Attends la 5G et la fibre ». Et enfin celle que je préfère, dans le genre modèle type en agressivité passive « – T’as qu’à pas vivre à la campagne, qu’est-ce qui t’as pris de venir t’installer dans ce trou perdu ! »

Non. Et on ne veut pas de remise mendiée aux opérateurs, ce qui cautionnerait toujours plus avant l’abandon des lignes. La République, si on veut qu’elle marche (excusez-moi, je n’ai pas pu m’en empêcher) ne se limite pas à l’urbanité. Nous ne sommes pas des sous-citoyens, nous voulons un téléphone et un réseau internet qui fonctionnent comme ailleurs.

Il faut rapidement installer des NDR (nœuds de raccordement) à l’entrée de nos vallées pour rebooster la bande passante, et il faut tout aussi rapidement des lignes entretenues, de l’élagage et des poteaux qui tiennent debout puisque cette fameuse fibre y passera de toutes façons. Rien qu’entre Beaufort-sur-Gervanne et Eygluy, 34 ligatures ont été faites pour « réparer » le câble. Autant de perte de bande passante à chaque fois. Si cela continue, on va se retrouver avec deux pots de yaourt et une ficelle.

Voilà, le diagnostic dont on nous rabâche les oreilles est fait.

La suite, cela s’appelle de l’investissement. Cela s’appelle du service public. Ces résultats ont été obtenus ailleurs, et dans des vallées tout aussi éloignées et profondes que dans la Drôme, dans des régions dont nous devrions nous sentir encore plus solidaires.

Pourquoi ? Parce que tous les représentants élus démocratiquement, à tous les niveaux, ont pris les moyens de communiquer entre eux, ils se sont sortis au pied de biche du labyrinthe franco-français.

Ils ont pu alors se battre avec fraîcheur et efficacité contre la procrastination institutionnalisée voire – pour finir sur une note d’humour, nationalisée.

Du bas de la France d’en bas, Alain Delforge, élu municipal à Eygluy-Escoulin

Ha zut internet a coupé

2 réflexions sur « Dans nos villages Drômois, appeler les services d’urgence à certaines périodes est devenu impossible. »

  1. Bonjour à tous.
    J’aime beaucoup cet article qui reflète exactement ce qui se passe chez nous en Ardèche, commune de St Jean Chambre.
    Vu que très rapidement tout va passer par internet (impôts, banque, sécu, cartes grises, etc), je suggère qu’un député compréhensif (si possible de la majorité pour que nous ayons une chance d’aboutir) propose un projet de loi instituant un dégrèvement ou une suppression d’impôts locaux aux personnes qui n »ont pas un accès minimum à Internet…
    Avec un peu de chance, ou quelques députés absents au vote, si cette loi est adoptée, cela ne résoudra pas les problèmes, mais cela pourrait inciter Orange à entretenir ses lignes au lieu de donner des dividendes à ses actionnaires…
    Daniel Gadiffert
    qui attend une ligne filaire correcte depuis 22 ans et qui est en zone blanche pour le portable…

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