Panne des numéros d’urgence : la chronologie qui accable Orange

Selon le rapport présenté le 22 juillet par le gouvernement, Orange a commis trois fautes : il a mal configuré ses équipements, l’a fait sans prendre de précautions et a été le dernier à réagir.

Un article de Yann Serra pour : www.lemagit.fr/

 

Orange a bien commis trois fautes dans le cadre de la panne des numéros d’urgence survenue le 2 juin 2021 dans l’après-midi. C’est ce que révèle le rapport présenté ce 22 juillet par le gouvernement et établi au terme d’une enquête minutieuse menée par l’ANSSI,en collaboration avec le Commissariat aux communications électroniques de défense, l’Inspection générale de l’administration (IGA), l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et le Conseil général de l’économie (CGE). Cette panne a empêché 11 800 appels aux urgences d’aboutir. Elle serait directement responsable du décès de six personnes.

« Il y a eu une panne sur les six call servers d’Orange qui font la passerelle entre les appels VoIP des particuliers [depuis leurs mobiles ou via des lignes fixes reliées à des boxes Internet, N.D.R.] et les lignes RTC que les services d’urgence utilisent toujours », explique Étienne Berthier, le coordinateur du rapport pour l’ANSSI.

« Cette panne est la conséquence de commandes de mise à jour entrées de manière hasardeuse. Elles ont provoqué un bug jusque-là inconnu dans les équipements. La défaillance s’est emballée, car Orange a entré les commandes sur les six serveurs en même temps, ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Si Orange s’est manifestement efforcé de conduire les réparations, nous observons que l’opérateur a manqué à son devoir d’information à l’attention des autorités. »

Il précise : « les lignes RTC sont les lignes téléphoniques historiques, qui doivent être éteintes d’ici à 2030. La panne n’a pas concerné seulement les numéros d’urgence, mais toutes les lignes RTC gérées par Orange et, en l’occurrence, leur liaison au reste du réseau téléphonique actuel par ces six call servers. D’autres lignes RTC subsistent chez SFR. Elles n’ont pas été impactées par la panne. »

« Le Gouvernement saisira l’Arcep d’ici à la fin du mois de juillet […] afin que […] toutes les mesures appropriées pour assurer l’intégrité de ses réseaux et garantir la continuité des services fournis soient bien prises. »

Cédric O Secrétaire d’État en charge du numérique

Le Secrétaire d’État en charge du numérique, Cédric O, présent au début de la conférence, s’est montré particulièrement remonté contre Orange : « le Gouvernement saisira l’Arcep [le gendarme des télécoms, N.D.R.] d’ici à la fin du mois de juillet en lui transmettant l’ensemble des éléments de cet audit, afin que l’autorité indépendante puisse apprécier le bon respect par l’opérateur des obligations réglementaires en vigueur. Et, en particulier, que toutes les mesures appropriées pour assurer l’intégrité de ses réseaux et garantir la continuité des services fournis soient bien prises » a-t-il martelé, en évoquant une évolution de l’encadrement législatif des opérateurs.

Humiliation ultime, la présentation de ce rapport s’est faite en conférence téléphonique avec la presse, sur une plateforme qui, selon le message automatisé du répondeur, appartenait à SFR.

D’ici à la rentrée, le gouvernement définira un nouveau plan d’action concernant le risque qu’une telle panne se reproduise. Il s’agira notamment de mettre en œuvre une supervision spécifique aux appels d’urgence, une structure de collaboration entre opérateurs en cas de crise, et une batterie de tests à chaque introduction de nouvelles technologies ou nouvelles méthodes. Aucune de ces mesures n’existait jusqu’alors.

Par ailleurs, des exercices de crise seront dorénavant organisés tous les ans pour vérifier la résilience des systèmes d’acheminement des réseaux d’urgence. La première simulation en grandeur nature devrait avoir lieu avant la fin de cette année.

La chronologie de la panne

Dans son rapport sur la panne d’Orange, l’ANSSI s’est attachée à analyser tous les logs des équipements concernés pour comprendre, minute par minute, comment l’accident est arrivé et comment il a évolué dans les heures qui ont suivi.

Le mercredi 2 juin 2021 à 16h00, les équipes techniques d’Orange se lancent dans une opération de routine qui consiste à augmenter la capacité d’acheminement des appels en VoIP. Cette manipulation suppose d’activer de nouveaux équipements en VoIP et de reconfigurer les call servers, des passerelles vers le réseau RTC historique, pour qu’ils prennent en compte les nouvelles routes. La subtilité est qu’il faut relancer le service de routage sur ces call serveurs, c’est-à-dire arrêter ce service et le redémarrer en lui indiquant les nouvelles routes à emprunter.

Il est 16h44, quand les techniciens relancent le service sur le premier call server. Ils commettent une erreur : la route qu’ils indiquent initialement n’est pas valide. Comme il s’agit de la seule définie dans l’appareil à ce moment-là, les appels VoIP entrants s’accumulent dans la mémoire de la machine, en attendant qu’une nouvelle route, valide, soit entrée.

Et c’est là qu’ils commettent leur seconde erreur : plutôt que d’enchaîner la saisie des autres routes sur le même appareil, les techniciens prennent le parti de les entrer une à une, sur tous les appareils à la fois. En une poignée de secondes, les six call-servers se retrouvent dans le même état de dysfonctionnement, à emmagasiner dans leur mémoire des appels VoIP entrants qui ne trouvent pas de porte de sortie vers le réseau RTC, toujours à cause de cette première route mal saisie.

Le temps que les techniciens reviennent au premier call-server pour saisir une seconde route, les dés sont jetés : la mémoire de l’appareil est déjà saturée d’appels d’entrants. Le firmware de la machine décide dans ce cas de redémarrer pour purger sa RAM. Mais celle-ci se remplit aussitôt de nouveaux appels, qui cherchent toujours la mauvaise porte de sortie. En une fraction de seconde, les autres appareils l’imitent. Les techniciens n’ont plus la main. Les call servers redémarrent sans cesse. Le rythme est infernal. Il n’est plus possible de lancer de commandes.

Le rapport parle d’un bug au niveau du firmware de ces équipements. Leur constructeur, Italtel, assure avoir entretemps corrigé le problème. « Il est délicat de demander à Orange de changer de fournisseur. Quasiment plus personne ne fabrique encore de tels équipements RTC », note Étienne Berthier.

Dès 16h45, les SAMU du Nord et de l’Île-de-France observent une chute brutale des appels entrants. En l’espace de quinze minutes, ils alertent les préfectures. Les brigades de pompiers confirment l’information. On s’organise pour trouver une parade. On appelle Orange. À Paris, les autorités ne parviendront pas à joindre l’opérateur avant 18h35.

Du côté d’Orange, les équipes en place appellent à l’aide à 17h00. D’autres techniciens interviennent pour tenter de restaurer le service à 17h20. Rien n’y fait.

Simultanément, les SAMU se coordonnent en cellule de crise nationale. Dans le Nord, on met en place avec SFR des numéros à 10 chiffres. À 17h36, le président de SAMU – Urgences de France alerte la Présidence de la République. À 17h40, le ministère de l’Intérieur appelle tous les opérateurs, pour comprendre, pour avoir un rapport de la situation.

À 17h47, une alerte interne circule chez Orange : « il y aurait beaucoup de plaintes sur les services, notamment concernant les numéros courts des urgences. » Puis, alors que toutes les préfectures de France s’activent pour sortir de la crise, nouvelle note interne chez Orange, à 18h06, qui remarque : « les services d’urgence d’Île-de-France, du Grand Est et du département du Nord sont injoignables. »

À 18h35, le service d’assistance d’Orange se décide enfin à prendre l’appel de la préfecture de Paris. Il concède qu’il y a un problème de maintenance, mais on promet qu’il sera réparé dans les deux heures. En somme, le préposé de garde au call center récite exactement ce que tous les opérateurs répondent à leurs clients qui appellent lors d’une coupure de service. Comme d’habitude, il n’en sait rien.

À 18h41, la direction d’Orange se fend d’un e-mail au ministère de l’Intérieur pour l’informer de l’existence d’un problème. Puis, quatre minutes plus tard, elle se décide à mettre en place une cellule de crise. Celle-ci débouchera sur la publication d’un tweet informatif, à 19h40. Puis, sur un appel officiel du directeur technique d’Orange au directeur de cabinet du Secrétaire d’État en charge du numérique, à 20h00.

Pendant ce temps, les techniciens de l’opérateur ne s’en sortent pas. À 18h50, soit plus de deux heures après le début de la panne, ils ont appelé l’équipementier Italtel. Il a fallu attendre encore 24 minutes avant que celui-ci ouvre un ticket. Des deux côtés, les techniciens s’acharnent depuis à faire démarrer proprement les call servers. Ils essaieront en vain jusqu’à 22h00, heure à laquelle ils savent enfin comment se sortir du cycle infernal des redémarrages. Une procédure permettant de faire revenir les call servers à l’état dans lequel ils étaient avant la reconfiguration malheureuse de 16h44 est lancée à 22h40. Elle durera jusqu’à 2 heures du matin. Le trafic est censé revenir à la normale vers 5h25, ce 3 juin.

Orange défaillant

« Bien qu’on puisse s’attendre à ce qu’Orange dispose de mécanismes de surveillance interne, lui permettant d’avoir une vision plus précise et plus réactive de son réseau, la mise en place d’un dispositif de gestion de crise adapté à l’ampleur de celle-ci a été plus lente que celui de l’État. En particulier, Orange a mis près d’une heure à prendre conscience que la panne touchait en particulier les services d’urgence, deux heures pour en informer les autorités et près de trois heures pour mettre en place un dispositif adapté », note le rapport.

Il ajoute que la procédure pour forcer les call servers à charger les anciens paramètres présents sur le serveur de configuration était indiquée dans le manuel des équipements. Elle aurait également été rappelée par Italtel lorsque celui-ci a été contacté. Pourtant, « cette procédure n’a été utilisée qu’en dernier recours », notent les auteurs du rapport.

Et d’accabler encore plus Orange : « au cours de la journée du 3 juin, des incidents similaires à ceux du 2 juin ont été observés, notamment par des SAMU et préfectures. Orange considère que ces alertes ne sont pas liées aux opérations qu’il a réalisées ni à une nouvelle panne (…) Néanmoins, l’analyse des journaux d’événements de certains call servers montre que plusieurs redémarrages de leurs modules ont eu lieu la journée du 3 juin et que le soutien d’Italtel a de nouveau été demandé par Orange au cours de la matinée du 3 juin. »

« Or, selon les constats de la mission, après 3 heures du matin, le 3 juin, les configurations auraient dû retrouver leur état nominal, à l’exception des modules éteints pour maintenance. Les actions observées dans les journaux d’événements ne permettent ni d’expliquer ces nouvelles perturbations ni d’expliquer pourquoi elles se sont arrêtées. Orange n’a pas été en mesure de fournir des explications techniques satisfaisantes sur ces perturbations. Plus important encore, Orange indique qu’Italtel, lors de son intervention du matin du 3 juin, n’en a pas fourni non plus », ajoute le rapport.

Le rapport conclut en remarquant que les call servers sont censés être des équipements redondés, mais que la modification simultanée des configurations de ces équipements a annulé de fait cette redondance. Pire, des opérations de maintenance aussi sensibles auraient dû être lancées sur des instances de test, et pas directement sur les équipements de production. Selon les auteurs du rapport, Orange ne s’était de toute façon pas équipé d’une plateforme de préproduction susceptible de simuler une telle montée en charge. L’opérateur aurait pourtant dû en avoir une après qu’un incident similaire soit survenu en mai 2018.

« Il existe un manque de compréhension fine du produit d’Italtel par Orange, en partie dû au fait que cette technologie est vieillissante et qu’il est donc difficile de se former. Les explications fournies par Orange lors de certains entretiens ont pu se révéler inexactes. Des formations constructeurs plus fréquentes doivent être organisées au profit des exploitants et experts d’Orange sur cette technologie », recommande enfin le rapport.

Télécharger le rapport 

Le nouveau magazine de Jean Pierre Pernaut consacre une pleine page à Orange j’enrage !

Nouveau venu dans le paysage éditorial, Au cœur des régions, le premier numéro du magazine « papier » du célèbre présentateur du 13 h de Tf1 consacre un dossier de 7 pages aux problèmes de téléphonie en zones rurales.

Ce dossier a été réalisé par la journaliste Stéphanie Lacaze-Haertelmeyer.
Il consacre une page entière à la situation dans la Drôme et l’Ardèche et donne très largement la parole au collectif Orange j’enrage !
Nous reproduisons ici la page qui nous est consacrée.

Télécharger la page
Le N°1 du magazine bimestriel Au cœur des régions de juillet-août est disponible en kiosque.

Le Monde : La fin du réseau cuivre met Orange sous pression

L’opérateur historique, qui entend passer progressivement au 100 % fibre, se voit reprocher par le gendarme français des télécommunications une qualité de service « particulièrement dégradée à certains endroits ».

Par 

Une boutique Orange, à Paris, le 19 mars 2021.

Pour Orange, c’est une petite musique qui revient un peu trop régulièrement. Alors que l’opérateur historique s’est engagé, fin 2019, à supprimer le réseau cuivre dont il est propriétaire d’ici à 2030, au profit de la fibre, il se voit régulièrement reprocher de conduire ce chantier au mépris de ses clients restés fidèles à la technologie la plus ancienne. Le constat n’est pas nouveau. En 2018, déjà, cela lui avait valu une mise en demeure de la part de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), le gendarme français des télécoms.

Ces derniers mois, cependant, avec les confinements, qui ont souligné l’importance pour chacun de disposer de moyens de communication de qualité, la pression s’est accentuée sur Orange. L’enjeu n’est pas mince : on compte encore 20 millions de lignes cuivre en activité, tous opérateurs confondus, pour 40 millions de logements ou entreprises.

Dans un rapport publié jeudi 8 avril, l’Arcep décrit le réseau cuivre, dont Orange est le responsable, comme « vieillissant », avec une qualité de service « particulièrement dégradée à certains endroits ». Ce ne sont que quelques lignes dans un rapport de 120 pages, mais elles sont révélatrices.

« Une situation qui n’est pas acceptable »

Le 24 mars, Laure de la Raudière, auditionnée au Sénat par la Commission de l’aménagement du territoire, après sa nomination à la tête de l’Arcep, n’avait pas dissimulé ses intentions : « La qualité du réseau cuivre est l’une de nos préoccupations majeures. C’est une situation qui n’est pas acceptable. »

Le mécontentement grandit aussi à l’Assemblée. Chargée d’une « mission flash » sur le sujet, la députée de la Drôme Célia de Lavergne (LRM) évoque « la colère montante issue des territoires, en particulier hyper-ruraux, qui subissent depuis des années la dégradation de l’entretien et de la maintenance du réseau historique sur cuivre ». Elle estime qu’Orange « est insuffisamment incité à remplir ses obligations avec sérieux » et propose d’instaurer un système de sanctions.

L’Arcep ne méconnaît pas les efforts qui sont demandés aux opérateurs pour assurer une meilleure connectivité aux Français. Concernant la fibre, 6 millions de nouvelles prises ont été installées malgré la crise sanitaire, un record à l’échelle nationale. Sur le déploiement de la 4G en zones blanches, la Fédération française des télécoms souligne également que l’objectif assigné par le gouvernement a été dépassé sur la période, évoquant, par exemple, un pylône installé pour desservir seulement 21 habitants dans le Jura.

Chez Orange, on ressent la pression des autorités, mais surtout celle des consommateurs. « Plus que jamais, nos clients ont besoin de connectivité et on l’entend parfaitement. Une interruption de service de plusieurs jours est insupportable. On ne va pas abandonner des clients dans les territoires », assure Marc Blanchet, directeur technique d’Orange. Pour illustrer le fait que son entreprise continue à s’investir dans cette infrastructure, il rappelle que, « chez Orange, on effectue une intervention sur le cuivre toutes les deux secondes ».

Nouvelle génération de communication

Pour autant, l’entreprise assume entièrement son choix : pour le client, la fibre assure davantage de débit. Du point de vue de l’opérateur, la décision a du sens. Chaque année, cela lui coûte 500 millions d’euros de maintenir un réseau cuivre plus fragile que la fibre, alors que de moins en moins de clients y recourent. En outre, le réseau cuivre est dix fois plus consommateur en énergie que la fibre, selon M. Blanchet.

Pour parvenir à ses fins, Orange est persuadé qu’il ne s’agit pas d’un pari technique vu le rythme de déploiement de la fibre (95 % du territoire sera couvert par les opérateurs d’ici à 2025, d’après Marc Blanchet). Certes, il faut aussi gérer les effets de bord comme les systèmes d’alarme des ascenseurs ou ceux d’alerte pour les personnes âgées reliés au réseau cuivre. Sur tous ces cas d’espèce, Marc Blanchet soutient qu’il existe déjà des offres alternatives. Mais le principal travail serait de persuader les consommateurs de passer à cette nouvelle génération de communication.

Une première expérience a été menée dans les Yvelines, à Lévis-Saint-Nom, 1 700 âmes. En six mois, 100 % des habitants sont passés à la fibre. Le village était certes déjà entièrement équipé depuis 2016, mais la maire, Anne Grignon, a tenu à s’assurer que cette bascule « soit neutre en coût et en qualité de service, que personne ne voit sa ligne coupée ». La mairie a elle-même participé à l’information de ses administrés pour les convaincre du bienfait du projet. Toutefois, l’édile assure qu’aujourd’hui aucun d’eux ne se montre insatisfait. Reste à reproduire l’expérience dans les territoires les plus mécontents.

Réaction :

Comment faut-il expliquer aux journalistes que « ses clients restés fidèles à la technologie la plus ancienne » ne le sont pas par choix délibéré ?
Que c’est simplement qu’ils n’ont aujourd’hui pas d’autre alternative et que le déploiement de la fibre va prendre encore entre 5 et 10 ans pour raccorder tout le monde. Si tant est que tout le monde soit raccordé un jour !

Orange a réussi à enfumer suffisamment tout le monde, journalistes, politiques, usagers.

Les parisiens qui n’ont pas passé le périphérique ne peuvent pas comprendre que des milliers de français sont tout simplement privés de connexion car Orange n’entretien plus son réseau cuivre et que les alternatives techniques ne sont pas là.

Et ni le gouvernement, ni l’Arcep ne viennent contredire les propos mensongers des dirigeants d’Orange et contraindre l’opérateur à assurer un service digne d’un pays « avancé ».

 

En zone blanche, la détresse d’une mère de famille

 

   le 07/04/2021

Coupée d’internet et dans une zone où le réseau téléphonique passe mal, Marianne Drouilly s’est retrouvée dans une situation qui aurait pu avoir des conséquences tragiques.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, comme l’on dit quand une situation perdure, jusqu’au jour où l’on se met en colère. C’est ce qui vient d’arriver à Marianne Drouilly, ingénieure de formation dans le thermique et l’informatique, une jeune mère de famille de trois enfants installée au hameau du Tracol, sur la commune de Vernoux. Ce hameau composé de quelques maisons est situé à quelques kilomètres du bourg centre.

Marianne exprime sa colère, mais aussi son désarroi, voire son impuissance. « Le 30 mars, j’ai eu à vivre un épisode dramatique, qui aurait pu être tragique. Au Tracol, nous sommes en zone blanche, la 3G et le téléphone portable passent de façon aléatoire et limitée. Depuis que des techniciens d’Orange, plus précisément, l’entreprise sous-traitante Constructel, sont intervenus, internet et la ligne téléphonique fixe ne fonctionnent plus, et cela depuis le 20 février dernier. »

« Le bébé convulsait dans mes bras »

La jeune mère de famille est en colère et surtout s’est trouvée impuissante.

« Le 30 mars à 7 h 20, ma fille Léa, 13 mois, a eu des convulsions. Pour appeler le Samu, j’ai dû aller sur la terrasse avec le bébé qui convulsait dans les bras, car le téléphone portable ne passe pas dans la maison et la ligne fixe est en panne. J’ai dû attendre, toujours dehors que le médecin du Samu me rappelle. Il a voulu faire un appel vidéo, mais cela n’a pas marché car il n’y avait pas internet. »

Marianne se dit scandalisée qu’en plus d’un mois, la situation n’ai pas été résolue. Selon elle, « il suffirait d’un peu de bonne volonté car les problèmes techniques sont connus et facile à résoudre ».

Marianne Drouilly montre le poteau où se situe un boîtier d’où part un raccordement pour sa maison, réparé provisoirement.

Une réparation provisoire

Comme dans beaucoup de lieux-dits éloignés parfois dans la campagne, ce sont des câbles à terre, parfois simplement raccordés à même le sol, le long de la voie communale à travers les bois et forêts qui condit au hameau.

Marianne a fait part de ce qui est arrivé à sa fille à l’opérateur Orange. Comme un miracle en ce samedi de Pâques, 3 avril, Marianne a vu arriver des agents de l’entreprise sous-traitante venir effectuer une réparation provisoire : raccorder sa ligne au réseau. Depuis, Marianne et sa famille bénéficie d’internet et du téléphone fixe. Elle conclut : « C’est une belle avancée. C’est du provisoire, mais une réparation définitive devrait intervenir prochainement. »

Pour Léa, sa fille, tout s’est bien terminé, puisqu’une ambulance des sapeurs-pompiers du centre de secours de Lamastre est venue sur place pour emmener la mère et sa fille au service pédiatrie au centre hospitalier de Valence. Après des soins, la petite fille et sa maman sont revenues chez elles.

Polémique – La gendarme des télécoms en Ardèche

Laure de la Raudière, entourée des députés Fabrice Brun et Hervé Saulignac, est venue constater les dégâts dans les bois de Saint-Jean-Chambre. – Photo : Estelle Prat
.

    un reportage de Estelle Prat

.

L’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes était en Ardèche vendredi26 mars, pour constater l’ampleur des dégâts sur les lignes de téléphonie fixe et rencontrer élus et usagers.

« La situation est suffisamment grave pour que le gendarme des télécoms vienne ici ! » constatait le député Hervé Saulignac vendredi 26 mars dans les bois de Saint-Jean-Chambre. Car c’est toute une délégation de l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes, qui s’est déplacée depuis Paris avec sa nouvelle présidente l’ex-député Laure de La Raudière. « Je suis venue, à l’invitation des députés ardéchois, pour me rendre compte de la situation du réseau cuivre dans ce département. Il est inacceptable que des gens vivent un calvaire parce qu’ils n’ont plus accès au téléphone » a expliqué la présidente de l’Arcep qui avait dénoncé « les pannes à répétition sur le vieux réseau cuivre d’Orange » lors de son audition au Sénat trois jours auparavant.

Des lignes téléphoniques à terre, des boîtiers ouverts… © Photo : Estelle Prat

200 signalements en trois mois

Il faut dire que la situation est particulièrement préoccupante en Ardèche. Le Département, qui a ouvert en décembre dernier une plateforme en ligne pour recenser les pannes du réseau de téléphonie fixe, a recueilli près de 200 signalements en l’espace de trois mois répartis sur 166 communes du nord au sud du département. Sur la petite commune de Saint-Jean-Chambre, où avait lieu la visite, il n’est pas rare de trouver des poteaux téléphoniques à terre dans les sous-bois. « Sur le site qu’on est allé visiter, les fils sont à terre sur 150 mètres, et cela depuis deux ans ! » confie le maire Gilles Durand qui a entrepris une enquête auprès de ses habitants pour répertorier tous les problèmes.

Mais les élus se retrouvent souvent impuissants face à leurs administrés mécontents. « On compte sur l’Arcep pour faire un suivi des engagements pris par Orange » soulignent les députés ardéchois Fabrice Brun et Hervé Saulignac. Un bras de fer est, en effet, engagé par le gouvernement qui doit présenter, d’ici la première quinzaine d’avril, un plan d’action pour que l’opérateur historique revienne dans les clous. C’est en effet le moment de faire pression sur Orange : le contrat de service universel de téléphonie, arrivé à expiration en novembre, est actuellement en phase de négociation afin de signer une nouvelle convention.

Un comité de pilotage local va voir le jour

La présidente de l’Arcep, qui a rencontré des maires ardéchois mais aussi les usagers du collectif « Orange j’enrage », s’est engagée à ce que « des indicateurs ambitieux soient définis par territoire et que des comités de pilotage locaux soient mis en place pour assurer le suivi des travaux que l’opérateur aura à faire ». « Aujourd’hui, on veut une cartographie précise de tous les points noirs sur le département et un engagement ferme en moyens humains et matériel pour relever ce réseau. On ne veut plus être baladé ! » ont souligné les députés ardéchois en demandant à ce que les sanctions financières soient enfin appliquées.

Cette rencontre aura donc permis de mettre en lumière la situation ardéchoise, avec des décisions gouvernementales attendues dans les prochains mois. « C’est bien qu’élus et usagers ardéchois fassent avancer ce dossier ensemble, avec une même cohésion d’idées » a souligné Alain Baraquie, le porte-parole du collectif « Orange j’enrage » qui compte bien faire entendre la voix des usagers au comité de pilotage local.

 

Le gendarme des télécoms en Drôme-Ardèche : « Je vais mettre la pression sur Orange »

Aux côtés d’élus ardéchois, la présidente de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), Laure de La Raudière, observe un boîtier téléphonique à terre et éventré dans le village de Saint-Jean-Chambre. Photo Le DL/R.C.

 reportage de Robin Charbonnier

Lors d’un déplacement inédit dans la Drôme et en Ardèche ce vendredi 26 mars, la toute nouvelle présidente de l’Arcep, Laure de La Raudière, a écouté des élus mais aussi des usagers sur les problèmes téléphoniques dans les deux départements. Elle s’est aussi rendue dans le village ardéchois de Saint-Jean-Chambre pour observer des lignes qui sont à terre le long de la route.

À Saint-Jean-Chambre, des lignes téléphoniques sont couchées. À terre le long d’une route départementale avec des boîtiers éventrés. « Cette situation dure depuis plus deux ans », précise Gilles Durand, maire du petit village ardéchois, près de Vernoux-en-Vivarais. À ses côtés, Laure de La Raudière observe, presque atterrée par la situation.

« Je ne pensais pas que le réseau était aussi dégradé », avoue la toute nouvelle présidente de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), gendarme des télécommunications. L’ancienne députée d’Eure-et-Loir, ingénieure des télécoms de métier, a voulu se rendre compte « sur le terrain » de ces problèmes de téléphonie fixe et d’internet, lors d’un déplacement inédit en Ardèche et dans la Drôme ce vendredi 26 mars.

« Sa venue est très importante, d’autant que la situation n’est plus tenable et se dégrade encore et encore », souligne Célia de Lavergne, députée LREM de la 3e circonscription de la Drôme, qui a piloté une mission sur le sujet.Que ce soit dans la Drôme à Combovin ou en Ardèche à Saint-Jean-Chambre, les élus locaux ont parlé de ces longs délais de réparation, de ces habitants désespérés de ne plus avoir de téléphone fixe dans des endroits isolés.

« Certains ont même abandonné, ne relançant même plus l’opérateur », insiste Hervé Saulignac (PS), député du centre Ardèche. « Il y a une forte exaspération, ce n’est plus gérable », renchérit Fabrice Brun (LR), son collègue du Sud-Ardèche.

Des lignes téléphoniques à terre dans le village de Saint-Jean-Chambre en Ardèche. « Une situation qui dure depuis deux ans« , selon le maire.

Un sous-traitant reçu par un habitant en colère avec un fusil

Une colère telle qu’un sous-traitant missionné par Orange pour réparer une ligne a été reçu au fusil par un habitant. « Les intervenants ont maintenant peur, ils se font agresser alors qu’eux n’y sont pour rien », souligne le premier magistrat de Saint-Jean-Chambre.

Maurice Weiss, vice-président du Département de l’Ardèche, sort, lui, une plaquette spécialement éditée par la collectivité pour l’occasion, rappelant notamment que le gendarme des télécoms avait été interpellé dès 2015 : « Six ans plus tard, la situation s’est même aggravée malgré quelques opérations médiatiques d’Orange. »

Mais la nouvelle patronne de l’Arcep compte bien changer la donne avec des actions à mettre en œuvre (lire par ailleurs). En fin d’après-midi, l’opérateur historique lui a montré des « chantiers de réparation du réseau ». Laure de La Raudière sourit : « Si au moins, mes déplacements sur le terrain servent à accélérer certaines choses… »

Repères

Le service universel

La convention entre l’État et Orange sur la gestion du service universel a pris fin en novembre. Or, ce service doit garantir l’accès à la téléphonie fixe pour chaque citoyen. Le gouvernement devait rendre ses arbitrages pour la nouvelle convention à la mi-mars. Ils devraient finalement être rendus dans quelques semaines. À la suite d’une mission, la députée drômoise Célia de Lavergne (LREM) a préconisé dix actions. À voir comment le gouvernement va les prendre en compte.

Plateforme

Le conseil départemental de l’Ardèche a mis en place en décembre une plateforme en ligne pour recenser les « dysfonctionnements » téléphoniques dans le département.

Que faire concrètement ?

Lors du renouvellement de la convention sur le service universel avec l’opérateur historique, le gouvernement doit établir un nouveau cahier des charges. La présidente du gendarme des télécoms, Laure de La Raudière, souligne qu’elle sera alors « extrêmement vigilante » pour que des « indicateurs » soient bien précis et territorialisés afin de juger au mieux « la qualité du réseau » ainsi que l’action d’Orange.

Avec une telle grille d’évaluation, les élus mais aussi les usagers, représentés ce vendredi en Ardèche par le collectif Orange j’enrage, espèrent notamment une meilleure transparence sur l’état du réseau. L’opérateur pourrait même être sanctionné financièrement si les délais de réparation étaient trop longs, comme la députée drômoise Célia de Lavergne l’a proposée suite à sa mission “flash” sur l’accès à la téléphonie fixe.

« À plus court terme », la patronne de l’Arcep souhaite qu’Orange installe des « comités locaux de pilotage » qui associeront les élus ainsi que les préfets et les sous-préfets pour fixer ensemble « les priorités » et faire « un suivi » des réparations.

Les députés ardéchois réclament aussi que de « véritables moyens humains et matériels » soient déployés par l’opérateur historique, et non pas ponctuellement. « Orange nous parle des reliefs, de la météo, de la question de l’élagage des arbres. Mais ce sont des arguments fallacieux », estime Hervé Saulignac (PS).

Une chose est sûre pour Laure de La Raudière : « On ne doit plus vivre cette situation qu’on vit actuellement. »

« Le réseau cuivre est une de mes priorités »

Laure de La Raudière a été nommée fin janvier à la tête de l’Arcep, gendarme des télécommunications. « Mes priorités ne sont pas seulement la fibre optique et la 5G, mais aussi la qualité du réseau cuivre (le réseau historique du téléphone, NDLR). C’est essentiel pour encore de nombreux habitants afin qu’ils aient accès au téléphone et à internet », souligne-t-elle au Dauphiné libéré.

Elle sait que la tâche sera ardue : « Je me suis rendu compte que les problèmes téléphoniques étaient devenus une des préoccupations de nombreux maires. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. »

 

Philippe Daumas, délégué régional d’Orange, et professeur émérite de langue de bois !

Entendu dans la revue de presse de RDB, Radio des Boutières, le samedi 20 février 2021.

Cette  revue de presse fait suite à la parution dans l’Hebdo de l’Ardèche , d’une interview de Philippe Daumas, délégué régional Rhône Durance d’Orange par Nicolas Lemonnier à propos des difficultés rencontrées en Ardèche par l’opérateur de téléphonie.

Revue de presse animée par Nicolas GAUDIN Responsable d’Antenne RDB, et Aurélien PATRICE-MARTIN Animateur-Programmateur-Technicien RDB.

Quand la communication ne passe plus…

Les problèmes de lignes téléphoniques en zones rurales, notamment dans les Bouttières, ne sont pas inédits. Un couple qui vit à Lachapelle-sous-Chanéac depuis six ans rencontre des problèmes réguliers sur sa ligne (friture, coupures, poteau tenu par le fil…). Une situation qui les handicape dans leur quotidien pour leur travail mais les inquiète aussi. Comment joindre les urgences en cas de malaise ou d’accident ?
.
Les habitants s’étonnent aussi de recevoir un avis concernant une réparation qu’ils ne constatent pas sur le terrain. La direction d’Orange grand sud-est précise qu’elle a bien été contactée par deux clients qui ont signalé des problèmes de réseaux. Des réparations qu’Orange reconnaît être parfois longues, l’accès étant souvent complexe et nécessitant des autorisations et l’usage de véhicules adaptés. Ainsi la société précise qu’une réparation provisoire a bien été effectuée sur la voirie. Elle consiste parfois simplement à réaliser des attaches avec un fil rouge pour signaler les poteaux défectueux. Cela permet aussi de ne pas couper complètement le service dans l’attente de la réparation définitive. Celle-ci devrait d’ailleurs intervenir dans les prochains jours.
.Un réseau qui a plus de 50 ans
Mais l’histoire de ce couple n’est pas unique, les hameaux éloignés des villages reliés par un réseau filaire ancien, parfois vétuste, sont nombreux. La direction Orange grand sud-est reconnaît que le réseau cuivre est vieillissant et a plus de 50 ans. C’est pour l’améliorer que les équipes effectuent près de 10 000 interventions par mois en Drôme-Ardèche. Les délais de rétablissement ont été améliorés par deux dans ces deux départements.
.
C’est vers le collectif Orange j’enrage, soutenu par de nombreux politiques (maires, présidents de communautés de communes, députés…), que certains habitants se sont tournés, pour défendre leur cause. Alain Baraquie, président du collectif, estime : « Les exemples de dépannages fictifs sont réels chez Orange, preuves à l’appui, les clients reçoivent une notification de passage alors qu’aucune équipe ne s’est déplacée ! ».
.
La direction Orange grand-sud précise que les usagers ne sont pas prévenus à chaque intervention sur la voie publique.
.
Article de Marie Noëlle Baudin dans le Dauphiné libéré 23 février 2021
.

Les allégations d’Orange dans l’Hebdo de l’Ardèche : décryptage !

   11 02 2021 –

Téléphonie – « Dans 95 % des cas, le rétablissement est rapide » !!!

Dans l’Hebdo de l’Ardèche Philippe Daumas, délégué régional Rhône Durance d’Orange, interviewé par Nicolas Lemonnier, revient sur les difficultés rencontrées en Ardèche par l’opérateur de téléphonie. Des dysfonctionnements minoritaires selon lui.

Le 18 janvier, 269 élus ardéchois ont écrit à Orange pour lui demander une amélioration du réseau téléphonique filaire. Leur avez-vous répondu ?

Nous n’avons pas répondu directement mais il faut savoir que nous sommes en permanence en relation avec les élus via une organisation spécifique. On comprend parfaitement que les administrés mettent la pression sur les élus mais tous les maires ont une fiche contact avec des interlocuteurs. Il y a aussi une application, Signal réseau, mise en place depuis plusieurs années pour que les élus puissent signaler des dysfonctionnements. À mon sens, cette tribune visait surtout à peser sur le débat national puisque la convention pour le service universel est en cours de renouvellement.

Quel est l’état du réseau en Ardèche selon vous ?

Tous les mois, nous réalisons 10 000 interventions sur le réseau en Drôme-Ardèche. Un réseau de télécommunication, c’est hyper complexe : il y a 370 000 poteaux, plus de 400 interconnexions. Et la moitié est en aérien et subit les aléas, notamment climatiques. Un poteau à terre, il n’est pas tombé tout seul. Mais dans 95 % des cas, le rétablissement se fait en quelques heures.

Quel est le délai moyen en Ardèche ? Pour la Drôme, la députée Célia de Lavergne parle de 48 jours contre 48 heures au niveau national.

Nous n’avons pas de chiffres locaux. Le suivi se fait par l’Arcep (l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse). Je ne sais pas d’où sortent les chiffres de Madame De Lavergne mais il faut savoir qu’il y a des situations plus complexes qui nécessitent parfois plusieurs jours ou plusieurs semaines de réparation. Les techniciens doivent souvent intervenir avec des nacelles mais ce n’est pas toujours accessible. Et si on ne peut pas accéder, il faut reconstruire l’artère : c’est long, il y a des contretemps administratifs… Notre objectif, c’est le meilleur service possible. Et, je le redis, dans 95 % des cas, le rétablissement est rapide.

Certaines pannes sont très problématiques notamment pour les téléalarmes de personnes isolées…

Sur des pannes signalées comme urgentes, notamment pour ces questions de téléalarmes, on intervient en 24 h. Mais il faut que ce soit bien signalé ! Orange avait été mis en demeure d’entretenir son réseau par l’Arcep sous peine d’une amende d’un milliard d’euros et cette mise en demeure a été levée, c’est bien que nous faisons le travail !

Ardèche Drôme numérique (ADN) évoque 25 % de poteaux téléphoniques inutilisables car en mauvais état. Comment expliquez-vous ce chiffre ?

Ça ne veut pas dire que ces poteaux ne fonctionnent pas. ADN utilise le réseau cuivre existant pour installer de la fibre optique. Mais lorsque vous déployez de la fibre, vous ajoutez de la charge sur les poteaux et cela nécessite donc des études supplémentaires. Ces poteaux pourraient supporter cette charge mais comme il n’y a plus la marge suffisante, il faut les changer. Ce pourcentage est sans doute le même ailleurs.

Lors des différentes tempêtes, Enedis est beaucoup plus rapide qu’Orange pour réassurer un service à ses abonnés. Pourquoi ?

Le réseau d’Enedis est beaucoup plus haut, l’impact des chutes de neige est moindre. Pour nous, les deux tiers des poteaux se sont retrouvés au sol, principalement par un manque d’élagage des propriétaires.

Pourtant, la loi précise bien qu’en cas de défaut des propriétaires ou de chantiers trop coûteux, c’est à l’opérateur d’organiser les modalités d’élagage.

Toute la responsabilité n’incombe pas à Orange. Je parle des petits travaux d’ébranchages qui ne sont pas réalisés. On réfléchit d’ailleurs avec l’association des maires de l’Ardèche mais aussi le Département et la préfecture à lancer une campagne de communication pour faire en sorte que les propriétaires de terrain où passent les lignes agissent.

Il est souvent constaté des réparations de fortune. Comment les expliquer ?

L’importance, c’est le délai de rétablissement. Donc, on fait au plus vite et ensuite d’autres équipes assurent une réparation plus pérenne. Mais c’est vrai que cela donne l’impression d’un réseau laissé à l’abandon mais c’est faux car il fonctionne. On a lancé depuis deux ans des opérations de renforcement du réseau dans neuf communautés de communes de Drôme-Ardèche. C’est dans ce cadre que les réparations de long terme sont souvent effectuées.

En juin dernier,des propriétaires de gîtes touristiques ont dû avoir recours à la justice pour obtenir un dédommagement.Craignez-vous une multiplication des procédures de ce type ?

Il y a des contentieux pour plein de raisons… Notre objectif, c’est d’éviter d’arriver à ce genre de situation. Lorsque le problème s’enlise, c’est souvent qu’on est face à des difficultés techniques pointues. Par exemple, des câbles enterrés il y a 60-70 ans sans gaine et il faut alors refaire le réseau entier. Mais on fait tout pour trouver des solutions avec les élus en amont.

Le député Fabrice Brun a sollicité directement l’Arcep et demandé une audience sur la question au Premier ministre. Qu’en pensez-vous ?

C’est légitime qu’un député s’empare de cette question mais c’est surtout pour peser sur les négociations qui concernent le service universel.

Quel est l’intérêt d’Orange à investir dans le réseau téléphonique commuté (RTC) alors que celui-ci devrait disparaître dans quelques années ?

Le RTC (réseau cuivre) n’est pas amené à disparaître de sitôt. Si, à terme, il doit être remplacé par la fibre optique, ce n’est pas avant une dizaine d’années. ADN a annoncé la fibre pour 2025 en Drôme-Ardèche mais les clients auront le choix et il y aura donc toujours des clients en RTC. C’est pour cela que depuis 2016, plus de 350 communes de Drôme-Ardèche, dont un bon deux tiers en Ardèche, ont bénéficié d’une montée en débit. Notre préoccupation, c’est la qualité de service au quotidien. Et lorsqu’il y a des difficultés, on cherche avec les élus des moyens d’améliorer la situation. On a divisé par deux les délais sur les interventions complexes. Les 5 % restants ne sont pas acceptables et on veut encore diminuer ce pourcentage.

Décryptage :

les réactions d’Orange j’enrage !

Nous apprenons que Orange n’a pas répondu « directement  » à près de 500 élus de la Drôme et de l’Ardèche qui ont signé des tribunes dénonçant les manquements de l’opérateur. Nous nous interrogeons donc ce que veut dire être « en permanence en relation avec les élus ».

Nous apprenons que « dans 95 % des cas, le rétablissement se fait en quelques heures ». Nous en déduisons que là où nous vivons, dans les villages et les hameaux, nous faisons malheureusement partie des 5% où les réparations se comptent en semaines voire en mois. Mais impossible de savoir combien d’usagers sont victimes de panne et quel est le délai moyen de réparation puisque l’opérateur historique déclare ne pas avoir de chiffres locaux.

Nous apprenons que ces chiffres locaux sont fournis par l’Arcep. Mais d’où viennent les chiffres de l’Arcep ?  … d’Orange ! la réponse figure sur le site de l’Arcep : L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes met en ligne les chroniques des indicateurs d’activité des opérateurs de communications électroniques. Ces informations agrégées (ensemble du marché) sont issues des enquêtes menées auprès des opérateurs déclarés au titre de l’article L.33-1 du code des postes et des communications électroniques.

Il n’est pas étonnant que l’Arcep ait levé sa sanction envers Orange puisque c’est au regard des chiffres fournis par Orange même que l’organisme de contrôle juge de l’état du réseau : l’Arcep et Orange se tiennent par la barbichette !

Nous apprenons que le mauvais état du réseau incombe principalement aux propriétaires qui n’élaguent pas les arbres. Or c’est à Orange que revient la responsabilité d’engager les démarches auprès des propriétaires (article 85 de la loi du 7 octobre 2016 ).

Enfin nous en apprenons une bien bonne : la neige serait plus lourde quand elle tombe sur les lignes téléphoniques que sur les lignes électriques !

Orange « cherche avec les élus des moyens d’améliorer la situation » : est-ce aux élus de monter aux poteaux sur lesquels les techniciens d’Orange refusent de monter ?

Mais c’est avec soulagement que nous apprenons que Orange compte conserver le réseau cuivre et améliorer sa qualité, nous prenons acte des déclarations de Monsieur Daumas et nous serons très attentifs à leur réalisation.