Orange : friture sur la ligne

Coupures de téléphone à répétition, connexion internet et réseau mobile médiocre… Élus et habitants de la vallée n’en peuvent plus.

Exaspérés, mais taquins. Vendredi 5 février, les élus d’Eygluy-Escoulin publiaient dans Le Crestois une tribune cinglante, appelant ironiquement au don pour qu’Orange puisse financer des travaux sur les réseaux de télécommunications de cette commune de 75 âmes, isolée dans la vallée de la Gervanne. « Nous avons atteint la limite du supportable et du tolérable », s’exaspère le maire, Roland Filz, les yeux rivés sur son portable qui cherche du réseau mobile. Depuis le 30 janvier, sa ligne de téléphone fixe est coupée ! Et encore, pour certains habitants, les coupures ont duré jusqu’à plusieurs mois.

Le service téléphonique a toujours été perturbé, mais la situation ne fait qu’empirer et la crise sanitaire a exacerbé un fort sentiment d’abandon. « La République ne s’arrête pas à Beaufort-sur-Gervanne », fulmine-til. Faute d’un réseau internet assez puissant, impossible pour les jeunes de préparer leur bac blanc sereinement, de joindre ses proches correctement par visio et encore moins de télétravailler.

Malgré des appels répétés à Orange, l’opérateur historique propriétaire du réseau, suivis d’interventions de techniciens, rien n’y fait. « Nous sommes raccordés au réseau de téléphonie et internet par une ligne en cuivre vieille de plus de 40 ans. Elle est en mauvais état : dès qu’il pleut, internet ne fonctionne plus ! », explique Alain Delforge, conseiller municipal qui suit particulièrement la question.

UN JOUR SANS FIN

Le noeud de raccordement le plus proche se situe à Beaufort-sur-Gervanne, à une dizaine de kilomètres de là. « On a tout fait, élagué les arbres, etc. Mais rien ne s’arrange, désespère Alain Delforge. Il faut nous changer le câble ! » Autre sujet d’inquiétude : et si jamais quelqu’un avait un pépin de santé et ne pouvait joindre personne ?

Du côté d’Orange, on tente de déminer et surtout… de prendre son mal en patience jusqu’à l’arrivée de la fibre, sans cesse repoussée, et désormais annoncée pour 2025. Le directeur interregional d’Orange, Philippe Daumas, est « conscient des difficultés. Mais il y en a eu de tout temps car c’est un réseau complexe, d’extérieur et soumis à de multiples aléas. Pour donner des ordres de grandeur, entre la Drôme et l’Ardèche, Orange, c’est 370 00 poteaux, 390 000 lignes, 400 noeuds de raccordement, 480 salariés et plus de 1 500 prestataires ! C’est aussi 10 000 interventions par an réalisées pour 95% dans les délais. On n’en parle jamais, même si bien sûr, ces 5% sont déjà de trop. »

Des arguments que peinent à entendre abonnés et élus, qui ne justifient pas selon eux des délais de réparation de parfois plusieurs mois. En ce qui concerne Eygluy-Escoulin, « nous changerons le câble s’il le faut mais nous sommes en train de l’expertiser. Je pense que, de toute façon, la technologie cuivre est limitée et le noeud de raccordement le plus proche est trop éloigné des habitations. Y construire un autre noeud prendrait malheureusement plus de temps que d’amener la fibre, seule solution au problème », tranche Philippe Daumas. « On ne peut pas attendre aussi longtemps, c’est impossible ! », se lamente le maire Roland Filz.

Orange veut aussi mettre en avant les alternatives comme le satellite ou la 4G en attendant le déploiement de la fibre. « Un voisin a demandé à avoir une box 4G, on lui a rétorqué que, comme la mairie ne se trouvait pas dans une zone blanche, le reste du village non plus. Mais la commune s’étend sur des milliers d’hectares !, enrage Alain Delforge qui se demande si Orange n’intervient pas sérieusement faute de rentabilité. On tourne en rond, face à un mur. »

DES LIGNES PEU ENTRETENUES

Philippe Daumas assure aussi qu’Orange a mis en place une organisation de proximité avec les municipalités pour leur signaler des dysfonctionnements. Visiblement pas encore au point.

« Nous avons énormément de soucis, se plaint également Daniel Chauvin, le maire de Gumiane, dans la vallée de la Roanne. Il n’y a plus aucun entretien, nous subissons des coupures de téléphone très fréquentes. Et quand ils viennent réparer une ligne, ils en mettent une autre en panne ! » Des lignes éventrées qui se baladent le long des routes, rafistolées par les habitants avec les moyens du bord… Les témoignages sont multiples.

Mais la médiatisation semble être efficace : quelques jours avant Noël dernier, un habitant de Piégros-la-Clastre publie sur la page Facebook « Orange j’enrage« , une association ardéchoise, une vidéo d’une ligne à même le sol. Quelques jours plus tard, tout sera réparé… « C’est à celui qui crie le plus fort », s’attriste Alain Delforge.

Le maire de Piégros-la-Clastre, Gilles Magnon, confirme qu’il signale chaque problème à Orange mais « les délais sont trop longs, certains habitants sont restés parfois un mois ou deux sans téléphone. Il n’y a pas de suivi de ligne, pas d’entretien alors que c’est une obligation. En tant qu’élu, on a l’impression de ne pas être considéré. »

Éric Leclere est, lui, président de la société Apoolpi, pisciniste à Piégros-la-Clastre : « Il y a huit mois, une voiture s’est encastrée dans un poteau. Depuis, il y a des coupures en permanence et depuis le jeudi 4 février, c’est le black-out total. Nous disposons pourtant d’un contrat d’intervention en 24 heures avec Orange ! Tout cela met clairement en péril l’entreprise ».

Même chose à Eygluy-Escoulin pour Rodolphe Balz, ancien patron de Sanoflore désormais à la tête d’un laboratoire de recherche axé sur les huiles essentielles : « On doit jongler entre le portable et le téléphone fixe et, s’agissant d’internet, impossible d’envoyer des fichiers volumineux. Il faut que je descende dans la vallée pour le faire ! »

« FAIRE BOUGER ORANGE »

Dans la vallée de la Sye, des habitants de Gigors-et-Lozeron et de Cobonne sont à l’origine de deux pétitions adressées aux élus « pour un accès à Internet ». « Pour envoyer un mail, il faut le faire depuis son téléphone et trouver le mètre carré à côté d’une fenêtre où cela fonctionne…, témoigne Nicolas Adam, l’un des signataires. On paie le même prix qu’en ville pour la fibre avec un service quasi nul, c’est scandaleux. Orange nous raconte tous les ans que d’ici un an la fibre va arriver, c’est comme ça qu’ils nous font taire ! »

La députée En marche ! de la circonscription, Célia de Lavergne, a fait de ces désagréments son cheval de bataille. Chargée d’une mission parlementaire « flash » sur le service universel qui lie l’État et Orange pour assurer la téléphonie fixe à la population. Elle a rendu ses conclusions mercredi 10 février (voir encadré en bas de page). « C’est mon combat !, jure la parlementaire, à l’origine d’une tribune signée par 215 élus locaux en décembre dernier. Il nous faut faire bouger les lignes pour assurer un meilleur service et la seule personne à faire bouger, c’est Orange. C’est pour cela qu’il nous faut rester unis, élus, habitants et associations. »

Célia de Lavergne préconise notamment dans son rapport de sérieuses pénalités pour la multinationale en cas d’interventions effectuées au-delà des délais légaux. L’Orange et le bâton.

Clément Chassot

Célia de Lavergne veut « un service digne de ce nom »

Missionnée en express par le gouvernement, la députée Célia de Lavergne (LREM) a remis le 10 février au secrétaire d’État chargé de transition numérique son rapport intitulé « Pour un service universel qui porte son nom, effectif sur tous les territoires ».

Le service universel, assuré par Orange pour l’État, prévoit un service de téléphonie fixe pour toute la population. Une convention actuellement en renégociation. Ce rapport devrait être suivi d’annonces début mars.

En voici les grandes lignes : lancer rapidement une mesure de désignation pour les cinq ans à venir pour la téléphonie fixe ; intégrer dans le service universel de la téléphonie fixe des indicateurs de qualité et de réactivité de service qui restituent la réalité vécue par les usagers au niveau départemental ; préparer dès aujourd’hui le service universel territorialisé de l’acce s internet haut débit ; é́laborer, au titre du service universel garanti, une obligation de raccordement et une obligation de réparation assortie de pénalités financières et de sanctions effectives ; rétablir une servitude d’élagage au profit du propriétaire de réseau ; développer le rôle des technologies alternatives (boîtier 4G fixe, antenne satellitaire) dans le cadre du service universel pendant la phase de transition vers le haut débit ; renforcer la transparence du service universel ; développer, à terme, chez les opérateurs des communications électroniques, une force mutualisée de l’intervention rapide sur les réseaux ; anticiper dès aujourd’hui les grandes évolutions qui concerneront nos réseaux de communications électroniques lors de la transition à la fibre et généraliser l’enfouissement des réseaux.

Article publié dans Le Crestois du 12 février 2021

Evian : Des habitants de Living Léman attendent toujours internet

Claude BOUZIN

Dans l’immeuble social de l’ensemble immobilier Living Leman, plus de la moitié des habitants n’ont ni téléphone, ni internet. La persévérance d’un collectif a permis de débloquer la situation.

Le complexe Living Léman du promoteur Vinci, constitué de trois bâtiments en accès à la propriété et d’un quatrième destiné à des logements sociaux (38 appartements), a été livré fin 2019. En plus de nombreux problèmes de malfaçons signalées par des locataires constitués en collectif, il est apparu au fil des installations au printemps et au début de l’été 2020, que 27 locataires sur 38 ne peuvent pas se connecter au réseau internet et téléphonique.

Depuis l’été dernier, à l’initiative de Chloé N., de nombreux courriers ont été envoyés aux différents responsables (mairie, Orange, bailleur social SA Montblanc) et aux opérateurs par les abonnés. La maire de la ville Josiane LEI a reçu quelques membres du collectif plusieurs fois, intervenant par courrier auprès de la SA MontBlanc et auprès de Damien BIARD, le directeur des relations avec les collectivités locales des Pays de Savoie chez Orange.

Sans rentrer dans les détails, Chloé explique : « On a été mis dans le brouillard de Juillet à Novembre. Orange, le propriétaire des lignes, n’a jamais répondu par courrier ». En parallèle, depuis juillet, les différents locataires déconnectés reçoivent chaque mois de leurs opérateurs, un SMS repoussant l’activation de leur ligne au mois suivant avec pour explications, des travaux à effectuer. En Octobre, un directeur de SA Montblanc a fait du porte à porte auprès de quelques locataires afin de tenter de comprendre l’absence de réseau.

Le médiateur des télécommunications sollicité

Chloé N. a entrepris plusieurs démarches dans l’espoir de voir la situation évoluer, dont une première demande d’intervention auprès du médiateur des télécommunications. Après un premier refus pour cause de « non-conformité à la procédure de saisie du médiateur » et, afin de booster une seconde demande d’intervention auprès du médiateur qui a accepté, Chloé N a fait remplir par ses voisins une attestation mentionnant leur détresse numérique.

Enfin, la SA MontBlanc est intervenue en Janvier auprès de Vinci et d’Orange pour que cela se règle, dans la foulée de l’intervention de la ville auprès du Syane (Syndicat des énergies et de l’aménagement numérique de Haute-Savoie) en décembre.

Dans le courant de ce mois de février 2021, un nouveau câble téléphonique doit être tiré depuis le central situé au 9 avenue Jean-Jaurès. « D’ici la fin du mois, tout devrait être réglé », assure Bertrand Vouaux, le directeur des services techniques de la ville.

En attendant, Chloé N et Danny A, les porte-parole du collectif depuis juillet pour ce problème de connexion, ont obtenu une airbox 4G en exigeant une solution palliative auprès de la boutique Orange de Thonon-les-Bains. Ils transmettront cette option aux quelques voisins qu’ils rencontreront au fil des jours.

Un problème de saturation du réseau

Bertrand VOUAUX, le directeur des services techniques de la ville, a fait le point sur ce problème de connexion qui empoisonne les locataires de l’immeuble Living Leman. « Au fur et à mesure des demandes d’abonnement auprès des différents opérateurs et des connexions au fil des installations filaires, s’est saturé, explique le directeur. Il semble que le problème soit venu d’un manque de coordination entre le service commercial et les services opérationnels d’Orange. Comme l’immeuble est neuf, les locataires ont eu du mal à voir l’origine du problème ».

Bertrand VOUAUX confie que « dès qu’on a connu le problème, la maire et moi-même avons pris contact avec le directeur territorial régional d’Orange »

Dernières nouvelles :
Toujours en attente…
Un véritable sketch ici : orange avait contacté plusieurs voisins pour un raccordement cette semaine, finalement tout les raccordements sont repoussés en avril.
Peut-on les croire ?

Interview de Orange j’enrage ! sur RCF radio

Lundi 15 février nous avons été reçus par Marie Charlotte Laudier de RCF radio pour donner notre point de vue sur les conclusions de la mission parlementaire qui nous a auditionnés sur les problèmes de téléphonie fixe et de l’application du service universel et que madame Célia de Lavergne, députée de la Drôme, a présenté à l’Assemblée nationale le 10 février dernier.

Téléphone : « En Drôme-Ardèche, des territoires ruraux ont été abandonnés »

  Un article de Robin Charbonnier

C’est une mission « flash » pour tenter de comprendre des lenteurs. Celles imputées à l’opérateur historique Orange qui délaisserait le réseau téléphonique fixe. Célia de Lavergne, députée LREM de la Drôme, est à la tête de cette mission. Elle s’explique avant de rendre les conclusions, mercredi 10 février.

Si avec le téléphone portable, les cabines téléphoniques ont disparu, des habitants se plaignent de ne pas avoir un service « fiable » de la téléphonie fixe chez eux, en Ardèche et dans la Drôme.

Pourquoi cette mission  ?

« Elle fait suite à la tribune que j’avais signée avec 215 élus dans Le Journal du dimanche à la mi-décembre afin de dénoncer l’absence de cadre pour le service universel de la téléphonie fixe et la dégradation de ce service ces dernières années. »

Cette dégradation du service de téléphonie fixe est-elle vraiment réelle ?

« L’Arcep, le gendarme des télécommunications, avait mis en demeure Orange fin 2018, car l’opérateur ne remplissait pas ses objectifs. Par exemple, les Drômois et les Ardéchois ne bénéficiaient pas d’une réparation ou d’une ouverture de ligne dans un délai raisonnable. Si Orange a ensuite fait des efforts, nous avons clairement identifié sur le terrain, avec les maires, une nouvelle dégradation du service, avec ce sentiment que certains territoires ruraux ont été abandonnés. La Drôme et l’Ardèche sont des départements particulièrement touchés. »

En quoi la Drôme et l’Ardèche sont-ils des territoires « particulièrement touchés » ?

« La convention de service universel repose sur des indicateurs nationaux. Ainsi, 95 % des Français doivent bénéficier d’une réparation sous 48 heures ou d’un raccordement dans un délai de 12 jours. Or, dans la Drôme et en Ardèche, il y a une certaine proportion des habitants qui doit être dans les 5 % restants : il faut compter des semaines pour avoir une réparation et des mois pour un raccordement. Ce sont des délais inacceptables ! »

Que faut-il faire ?

« L’objectif est de fixer un cadre plus clair, plus exigeant. En contrepartie, cela pourrait nécessiter des compensations plus importantes pour l’opérateur [en charge du service universel, NDLR] de la part de l’État. Il faut en tout cas trouver des solutions concrètes face à des situations d’abandon, voire de mépris pour certains citoyens. »

Mais l’opérateur historique Orange affirme que le réseau est d’ores et déjà bien entretenu…

« Lors d’une audition, j’ai indiqué à Orange qu’ils gagneraient à reconnaître qu’ils ont été moins efficaces et qu’ils ont délaissé certains territoires. Par exemple, dans la Drôme, le site internet d’Orange indique un délai “a minima” de huit mois pour un raccordement. Cela veut dire qu’il y a une volonté délibérée de l’opérateur de rallonger le délai. Je maintiens ainsi qu’il y a un sous-investissement chronique sur le réseau cuivre, mais aussi sur le service clients pour gérer les demandes. Outre la Drôme et l’Ardèche, il y a également des “poches” semblables en Normandie, Bretagne et Corse. Je vais continuer à chercher, grâce aux associations d’élus, les autres territoires abandonnés car jugés non rentables. C’est une stratégie délétère qui nuit à la qualité du service. »

Repères

La mission

Avec d’autres députés, Célia de Lavergne a auditionné le gendarme des télécommunications (Arcep), Orange, mais aussi des associations et des élus. Les conclusions seront rendues ce mercredi 10 février.

Des élus qui montent au créneau

Ces derniers mois, de nombreuses initiatives ont été prises par des élus. Il y a eu cette tribune dans Le Journal du dimanche avec Célia de Lavergne et 215 élus. « Dans nos campagnes drômoises, la colère monte », avait notamment souligné la députée LREM. Puis, il y a quelques jours, à l’initiative des trois députés ardéchois, une tribune a été signée par 269 élus de l’Ardèche pour « dénoncer les dysfonctionnements et l’attentisme dont fait preuve, depuis trop longtemps, Orange ». D’autres initiatives ont aussi été mises en place pour interpeller l’Arcep.

Du retard et un débat sur le nouveau service universel

Célia de Lavergne, députée de la 3e circonscription de la Drôme et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Photo DR

Vous évoquez aussi une « absence de cadre », c’est-à-dire ?

« L’État avait confié, fin 2017, à Orange, la gestion du service universel, à la fois pour la réparation et les nouveaux raccordements, pour que chacun citoyen puisse avoir accès une ligne téléphonique fixe chez lui. La convention s’est achevée fin novembre 2020. »

Pourquoi cette convention pour le service universel n’a pas été, pour l’instant, renouvelée ?

« Avec la crise sanitaire, du retard a été pris, notamment dans le vote de la loi du nouveau service universel. Il faut alors gérer cette période transitoire. »

Qui assure actuellement ce service universel ?

« Même si nous avons des points à lui reprocher, Orange se dit prêt à continuer jusqu’à la mise en place d’un nouveau service. Mais, malheureusement, les délais de réparation demeurent trop longs. »

En quoi consistera ce nouveau service universel ?

« C’est en débat. Soit ça sera la même convention que la précédente, soit, en plus de la téléphonie fixe, on ajoute un service universel pour internet. Il y a aussi la question de la régionalisation du service, avec des acteurs qui seraient plus proches du terrain. »

L’opérateur historique

Des critiques « excessives » selon Orange, qui se défend

Sollicité de nombreuses fois par Le Dauphiné Libéré ces dernières années dès lors que des problèmes téléphoniques sont signalés par des habitants, l’opérateur Orange apportait, à

chaque fois, plusieurs réponses selon les circonstances : la météo capricieuse en Drôme-Ardèche, avec entre autres un vent violent qui peut mettre à mal des poteaux et des câbles téléphoniques ; le non-entretien d’arbres par les propriétaires, avec des branches qui peuvent détériorer les lignes ; l’accès difficile au réseau dans certains secteurs géographiques ; le recours limité aux nacelles en fonction des conditions météo pour effectuer certaines réparations.

L’opérateur affirmait aussi que les demandes de réparation étaient bien traitées en fonction des priorités, en particulier pour d’abord prendre en compte les personnes âgées et isolées.

De manière plus globale, piqué au vif, le patron d’Orange, Stéphane Richard, a aussi répondu aux critiques, les jugeant « excessives », il y a quelques jours, lors des vœux présentés à la presse. Il a admis des « coupures qui ne sont pas réparées suffisamment vite » mais elles sont, selon lui, « marginales ». Le PDG s’est appuyé sur les chiffres de recrutement (220 techniciens supplémentaires en 2020, 120 en plus en 2021) et le montant de l’investissement (500 millions d’euros par an pour entretenir le réseau). Stéphane Richard a surtout souligné que la compensation financière de l’État n’était pas assez élevée.

Des Habitants en colère

Un collectif plaide pour « un accès fiable au téléphone fixe »

En 2019, un collectif appelé “Orange, j’enrage” a été créé par des habitants en Ardèche. L’une de ses actions est d’avoir mis en place une carte collaborative sur internet (orangejenrage.fr), pour que chacun puisse indiquer l’état du réseau téléphonique. Objectif : montrer très clairement « la dégradation continue du réseau et la multiplication de personnes en détresse ».

On peut ainsi lire “câble dans le fossé” à Gluiras, “ligne décrochée” à Saint-Julien-du-Gua et à Saint-Christol, “présence de moisissure dans le boîtier” à Viviers… Le bémol de cette carte est que les dates des signalements sont rarement mises et qu’il est possible que des réparations aient eu lieu depuis. Mais le collectif précise bien sur son site que cette carte “n’a pas la prétention d’être exhaustive, ni absolument précise” et qu’elle peut “comporter certaines erreurs”.

Le président du collectif, Alain Baraquie, qui habite dans le village de Saint-Julien-Labrousse, espère surtout que la mission menée par la députée Célia de Lavergne puisse affirmer plusieurs points : « Que le principe d’égalité entre les citoyens soit appliqué comme c’est inscrit dans la constitution. Que chaque citoyen bénéficie d’un accès fiable au téléphone fixe et à internet comme le prévoit le service universel. Que l’État exerce son rôle de contrôle et de protection des usagers face aux abus des opérateurs. »

Il se félicite également de la mobilisation « en nombre » des élus, rappelant qu’il faut que ceux-ci « associent les collectifs de citoyens » à leur démarche. Avec l’espoir d’obtenir, au final, « des résultats concrets ».

Evian : privés d’Internet et de téléphone depuis la livraison de leur immeuble, il y a un an

PAR ATMANE HARFOUCHE

L’immeuble de logements sociaux du programme Living Léman construit à la place de l’ancienne usine d’embouteillage est privé depuis sa livraison, fin 2019, de ligne téléphonique. Une situation qui s’éternise et qui est particulièrement éprouvante pour des dizaines d’Evianais.

Le nouvel ensemble aménagé autour de la gare continue de faire parler de lui. Si le stationnement anarchique est récurrent sur l’extension de l’avenue de la Gare, ce souci devrait être réglé avec la construction en cours du parking à silos. Pour les habitants du numéro 44, un autre problème existe depuis la livraison du bâtiment à la fin de l’année 2019. Les 41 logements sociaux ne peuvent pas ouvrir une ligne téléphonique. « C’est comme si nous n’existions pas », constate Danny qui a lancé les démarches avec plusieurs opérateurs avec à chaque fois la même réponse : « On ne vous trouve pas ».

Pour tous, le calvaire est le même et prend la forme d’un véritable parcours du combattant à travers les méandres des hotlines des groupes de télécommunication, du bailleur social et des techniciens de l’opérateur historique. « Le discours est à chaque fois différent, on nous balade, on nous dit qu’une intervention va avoir lieu mais finalement elle est repoussée », « on nous prend pour des cons », assène d’une même voix la demi- douzaine de résidents qui a souhaité s’exprimer dans l’espoir de faire bouger les choses.

Pourtant, au fil des mois, des électriciens, géomètres et responsables de la SA Mont Blanc sont venus sur place pour témoigner de leurs bonnes intentions et essayer de résoudre le problème, sans succès.

« Je passais mes appels dans ma baignoire ! »

Il est, de nos jours, devenu difficile de se passer d’une connexion internet qui permet d’accéder à de nombreux services, y compris publics. Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses. « Le confinement a été épouvantable », lâche Dominique qui avait du réseau téléphonique uniquement dans sa salle de bain. Je passais mes appels dans ma baignoire ! »

Malgré le palliatif du réseau mobile, la situation reste précaire pour letélétravail, le divertissement et les relations sociales. « Impossible d’appeler en visio mes proches », témoigne Chloé. « Mon employeur a profité du confinement pour nous former mais j’ai pris du retard faute d’une bonne connexion et je suis en difficulté aujourd’hui », ajoute Danny.

Collégienne, la fille de Vanessa pâtit aussi de la situation. « Elle n’a pas pu suivre tous ses cours à distance et est à la traîne maintenant », confie sa maman.

Tous se sentent abandonnés, d’autant plus que les appartements voisins, issus du même programme et livrés en même temps, ont pu ouvrir une ligne téléphonique et bénéficier d’une connexion internet normale. « Nous ressentons du dégoût. Ce n’est pas juste. Seuls nous, habitants des logements sociaux, sommes dans cette situation ». « On nous méprise », concluent-ils unanimement.

Ces derniers mois, 11 résidents ont fini par réussir à ouvrir une ligne téléphonique mais les 30 autres locataires sont toujours dans l’attente.

Des habitants pas tous logés à la même enseigne

Les locataires du 44 avenue de la Gare, à Evian, ont vu, en contrebas de leur immeuble, s’achever la seconde partie du programme Living Léman le long de l’avenue Anna-de-Noailles. Les appartements en copropriété ont été livrés par Vinci à la fin de l’année 2020 et peuvent aujourd’hui ouvrir une ligne téléphonique.

« Nous avons été bloqués un mois mais le service fonctionne depuis le 15 janvier », raconte un résident.

Selon le bailleur « Orage ne remplit plus sa mission de service public »

Contacté, le bailleur social reconnaît combien la situation de l’immeuble dont il a la gestion est difficile. « Nous n’arrivons pas à avancer », confie Jean-Philippe Parmentelat, directeur général adjoint de la SA Mont Blanc. « Quand nous avons réceptionné les appartements, il n’y avait pas de problème d’après nos interlocuteurs techniques. » Pour le responsable, ce n’est pas un cas isolé : « Avoir une ligne téléphonique opérationnelle à la livraison est devenue difficile dans toutes les opérations neuves. » Et va jusqu’à affirmer : « Orange ne remplit plus sa mission de service public. » Si aucune solution n’arrive, il invite les résidents du 44 avenue de la Gare « à saisir l’Arcep, l’autorité de régulation des communications, nous serons prêts à les soutenir ».

Du côté d’Orange, on annonce qu’« une intervention aura lieu le 27 janvier » et que « la ligne devrait fonctionner dans les jours suivants ». L’opérateur historique apporte aussi une explication : « Le réseau local n’était pas en capacité pour relier le quatrième bâtiment de l’ensemble immobilier, c’est une erreur de notre part. »

Quant aux délais pour trouver une solution, le service communication d’Orange assure comprendre « le désarroi » des habitants concernés. Et d’ajouter : « C’est assez dingue de devoir attendre plus d’un an. Nous avons été prévenus en décembre par le référent collectivités d’Evian qui avait été contacté par la mairie. » L’opérateur historique évoque tout de même des circonstances atténuantes : « En Haute-Savoie, nous devons tout faire en même temps : étendre le réseau pour suivre le rythme des constructions et installer la fibre. Il peut y avoir des ratés mais nous faisons de notre mieux. » Les locataires clients d’Orange devraient bénéficier d’« un geste commercial ».

Dernières nouvelles le 11 février : une fois de plus Orange n’a pas tenu ses engagements et les habitants ne sont toujours pas raccordés !

Hautes Alpes : 15 maires dénoncent les problèmes de réseaux téléphoniques et internet en zones rurales

Il n’y a pas que dans la Drôme et l’Ardèche que ça crise ! Partout en France …

Plus d’internet, plus de réseaux téléphoniques… Le Buëch et ses habitants n’ont plus de téléphone depuis plusieurs mois ni internet. Comme le souligne Gérard Tenoux, vice-président du Conseil départemental des Hautes-Alpes, la situation est inacceptable. Les installations ne sont plus entretenues. Pourtant, comme le souligne le maire du Bersac Dominique Drouillard, les usagers continuent de payer leur facture sans aucun service assuré :

Publié par Hugo GUYON le ven, 05/02/2021 – redaction@dici.fm

Numérique: l’entraide tisse sa toile

Un article de Libération, très instructif sur les possibilités du numérique pour favoriser les solidarités. On y apprend que 13 millions de Français sont aujourd’hui exclus de l’accès au numérique pour différentes raisons dont, entre autres, pour n’avoir pas  accès à une connexion.
Désenclaver les isolés, faire circuler l’information, donner accès aux droits… Le numérique est un puissant levier pour activer les solidarités. A condition d’humaniser les dispositifs…

par Benjamin Leclercq, pour Libération le 27 janvier 2021 à 17h06

Il fut, en 2020, une bouée de sauvetage. A l’heure où le pays tout entier fermait boutique, en mars puis en octobre, les citoyens, claquemurés par surprise, isolés comme jamais, s’en sont remis à lui. Agglutinés derrière leurs écrans, pour continuer à travailler, à étudier, pour requérir une aide financière, un soutien psy, activer des droits, accéder aux services publics ou encore ébrécher la quarantaine sociale et les affres de la solitude inopinée. Et si le numérique était notre nouveau filet de sécurité ?

«L’année passée a montré le visage d’un autre numérique, créateur de communautés et activateur de lien social», confirment Emma Ghariani et Caroline Span, codirectrices de la MedNum, la coopérative nationale des acteurs de la médiation numérique, qui œuvre pour un numérique inclusif et créateur. «Ce numérique-là, du quotidien et de proximité, a favorisé les solidarités.»

«Fil d’Ariane»

Les exemples ne manquent pas, et les initiatives fourmillent. Aux manettes, une pluralité d’acteurs. Il y a, en premier lieu, les citoyens eux-mêmes, tissant de nouveaux réseaux d’entraide informels, via les réseaux sociaux notamment. Il y a aussi, bien sûr, le monde associatif qui, pour garder le lien avec les usagers, connecter les bénévoles ou maintenir son financement, rivalise d’applis, de plateformes de crowdfunding ou de réseaux sociaux communautaires. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire ne sont pas en reste, reliant consommateurs et petits producteurs fragilisés à coups de places de marché dématérialisées. «Le numérique permet d’amplifier la logique de services», note Jérôme Saddier, président du Crédit coopératif, banque référente de l’économie sociale et solidaire. «Ce canal nous a ainsi permis, depuis le début de la crise sanitaire, d’activer et de massifier une solidarité financière d’urgence, en distribuant en ligne des prêts garantis rapides et nombreux», illustre-t-il.

Il y a, enfin, les pouvoirs publics. Et en particulier les départements, «chefs de file» – la République le dit (loi Maptam de 2014, loi Notre de 2015…) – de la promotion des solidarités et de la cohésion territoriale. De fait, ces derniers ont saisi la balle au bond, renforçant lors de la crise sanitaire les dispositifs existants ou en créant de nouveaux.

Le numérique leur a permis, d’abord, d’atteindre des catégories de population vulnérables et souvent éloignées des services publics. Exemple : la jeunesse, qui paie, souvent dans l’ombre, un lourd tribut économique, social et psychologique à la crise généralisée. «Les politiques publiques peinent à être entendues par les jeunes, témoigne Arnaud Simion, vice-président du conseil départemental de Haute-Garonne, en charge de la jeunesse. Seuls 11 % des jeunes sollicitent les bons solidaires prévus pour eux par le département. Dès lors, l’outil numérique est pour nous clé, car il leur redonne la parole et rétablit un lien.» Un lien que le département a matérialisé avec GO31, une application lancée en 2020 à destination des 11-29 ans (un quart de la population du département). Recherche de logement, d’emploi, de stage, demande de bourse, info culturelle, sportive ou sociale de proximité, tchat et numéros utiles… Elle est «un fil d’Ariane dans le labyrinthe de l’accès aux droits et aux services publics», poursuit Arnaud Simion. GO31 a d’ailleurs été élaborée avec un groupe de jeunes pour mieux coller à leurs besoins.

Le numérique facilite aussi l’entraide communautaire, en connectant des usagers qui sont concernés par les mêmes problématiques. En Gironde est ainsi né Mobalib, le premier réseau social du handicap. Fruit d’un partenariat entre associations et département, il vise à créer une communauté et des outils numériques pour faciliter la vie quotidienne des personnes en situation de handicap.

La solidarité économique a, elle aussi, surfé sur la vague. Concrétisation parmi d’autres : la mise en lien des producteurs et consommateurs locaux dans une logique de circuit court et de soutien à l’agriculture paysanne. Exemple avec la Dordogne et la création, pendant le confinement, d’un «drive fermier numérique», bâti avec la chambre d’agriculture. Même démarche dans le Lot-et-Garonne, avec Du47dansnosassiettes.fr, plateforme connectant habitants et acteurs locaux aux producteurs du territoire.

«Solutionnisme»

Reste un écueil majeur sur cette trajectoire vertueuse, comme un paradoxe : le numérique, accélérateur de solidarités, est aussi un redoutable producteur d’exclusion. «Près de 13 millions de Français en sont aujourd’hui exclus, soit parce qu’ils ne sont pas équipés, soit parce qu’ils vivent dans une zone blanche ou grise, soit parce qu’ils peinent dans l’usage», rappelle la MedNum. Fracture numérique et «illectronisme» n’épargnent personne. «On a longtemps considéré qu’il s’agissait d’un problème de seniors, or on voit bien que tout le monde est concerné, de l’ado qui ne sait pas trouver une info importante sur Internet au patron de PME qui n’a pas d’adresse mail.»

Dès lors, le «levier numérique» court le risque du flop. «Les pouvoirs publics cèdent un peu trop souvent au solutionnisme technologique, sur le mode « Un problème ? Un outil numérique ! » Le tout au doigt mouillé, sans analyser les besoins exacts des publics cibles. Or objectiver la fragilité numérique est un préalable», avertit Caroline Span, de la MedNum. Le piège ? «Développer une app est dans l’air du temps et coûte souvent moins cher que mobiliser du personnel supplémentaire.» «Le numérique n’est pas une solution miracle, tempère aussi Jérôme Saddier, du Crédit coopératif. Prenez par exemple la culture ou l’éducation populaire, le numérique ne leur a été d’aucun secours face à la crise. Il ne remplacera jamais la véritable interaction humaine.»

Une solidarité 100 % numérique, désincarnée et technologisée, serait un recul, notent à l’unisson les acteurs du secteur. «70 % des Français préfèrent encore le téléphone à Internet quand ils ont un problème complexe», rappelle la MedNum, qui pointe l’échec des bots informatiques, ces intelligences artificielles d’aide en ligne souvent dédaignées par les internautes.

Passage obligé, donc : résorber la fracture, et humaniser les dispositifs. Premier outil, la médiation numérique. «Elle est à la croisée du care [concept fondé sur l’attention à l’autre et aux plus vulnérables, ndlr] et de la tech, décrypte Emma Ghariani (MedNum). Le premier niveau d’accompagnement consiste à lever les blocages et donner confiance.» En 2020, la coopérative du numérique a ainsi créé «Solidarité numérique», centre de ressources et d’appels, et mobilisé quelque 2 000 médiateurs numériques bénévoles pour accompagner les citoyens ballottés par la soudaine vague de dématérialisation. Pour naviguer sur le site de Pôle emploi, demander son RSA en ligne, se connecter à sa banque ou communiquer avec ses proches, 20 000 personnes ont bénéficié du service. Autre dispositif en développement, les maraudes numériques. En milieu rural ou auprès des urbains précarisés, elles permettent de rendre l’outil maniable à ceux qui en sont le plus éloignés.

Téléphonie en zone rurale : ils enragent contre Orange

En Ardèche mais aussi dans la Drôme, élus locaux et habitants veulent obliger l’opérateur à rétablir le téléphone fixe dans certaines zones coupées du monde.

Par Cyril Michaud pour Le Parisien et Aujourd’hui en France

Alain Baraquie, un habitant de Saint-Julien-Labrousse (Ardèche) qui a fondé le collectif Orange j’enrage, dénonce l’immobilisme de l’opérateur téléphonique face au manque d’entretien du réseau. LP/Cyril Michaud

Entre Orange et les habitants de l’Ardèche, le courant ne passe plus. Alors qu’une mission parlementaire flash dédiée à la téléphonie en zone rurale est en cours, à l’initiative de la députée de la Drôme Célia de Lavergne, 269 élus du territoire ardéchois ont signé une pétition afin de demander des comptes à Orange et forcer l’opérateur à remplir ses obligations de service universel.

« Cette mission doit évaluer les manquements car Orange ne se préoccupe plus de ses obligations », dénonce le député Hervé Saulignac. Or, dans le cadre du service universel, toute personne qui le souhaite a le droit de réclamer l’installation d’une ligne téléphonique et de se raccorder au réseau Orange. Mais pour cela, il faut que le vieillissant réseau en cuivre soit opérationnel. « C’est un combat que je mène depuis près de dix ans, avec assez peu de résultats, concède le député. J’observe la lente dégradation du réseau cuivre qui s’amplifie et s’accélère. »

« Tous les jours je reçois des appels au secours » Alors, les élus du département ont décidé de faire cause commune. Leur tribune sonne comme un SOS. « Tous les jours, je reçois des courriers, souligne Hervé Saulignac, des appels aux secours comme : Ma mère a 90 ans, elle a une télésurveillance et cela fait quatre mois qu’elle n’a plus de téléphone. Nous sommes sans nouvelles. C’est terrible pour les territoires ruraux. Il y a un sentiment d’abandon très fort. »

Car, avec la crise sanitaire, l’isolement des personnes vivant en milieu rural s’est renforcé. Parfois, ce sont des hameaux entiers qui se retrouvent privés de téléphone fixe, des mairies, des casernes de pompiers, etc.

« Cumulé sur une année, il nous est arrivé d’avoir jusqu’à cinq mois de coupure », témoigne Alain Baraquie, un habitant de Saint-Julien-Labrousse qui a fondé le collectif Orange j’enrage et dénonce l’immobilisme de l’opérateur tricolore. « C’est une vraie galère, car ici le portable passe très mal. Dans notre cas, ils sont venus réparer, mais il faut voir comment. Orange fait appel à des sous-traitants, ne maîtrise plus son réseau cuivre. C’est du bricolage. » Et les pannes se multiplient. Car pour Orange, estime le collectif, le réseau cuivre, dont l’extinction est programmée d’ici 2030 au profit de la fibre, n’est plus une priorité.

Pour constater l’ampleur des dégâts, il suffit d’emprunter les routes sinueuses du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Poteaux déracinés, câbles sectionnés, les incidents techniques sont légion. « C’est bien simple, les derniers kilomètres de lignes, Orange a arrêté de les entretenir, déplore Alain Baraquie. Ce que l’on demande : c’est la réfection totale des réseaux endommagés afin que toutes les personnes isolées puissent avoir de nouveau accès au téléphone, ce qui est un droit. »

En Ardèche et dans la Drôme, des milliers de personnes seraient ainsi privées de téléphone fixe, selon Orange j’enrage qui réclame « un diagnostic des dysfonctionnements, commune par commune ». Remonté contre Orange, le collectif implore l’Etat et l’Arcep de mettre l’opérateur devant ses responsabilités, à l’heure où la convention concernant la délégation du service universel est arrivée à échéance en fin d’année et se trouve en cours de renégociation.

Le collectif Orange j’enrage va être auditionné cet après-midi à 17 h par la mission parlementaire de l’Assemblée Nationale animée par Mme Celia De Lavergne, Députée de la Drôme.